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Roubo : Alors, voisin, vous avez vu des alléluias, on dirait ? Les saints vous auront tiré des extases.
Dotzi : Pour ça, deux suffisent.
Roubo : Comment deux ? Je pensais que vous auriez baigné dans une mer de saints, une partouze de sanctus…
Dotzi : Eh quoi ? L’infirmière n’avait pas un poitrail débordé pour en contenir tant ! Mais juste ce qu’il faut, et où il faut.
Roubo : Ah ça ! Vous revenez de la grande ténébreuse et vous n’avez d’autre envie que de vous farcir les yeux, faute de vous remplir les paumes !
Dotzi : J’y suis rentré tous feux éteints et me voilà avec une forte envie de me dessaler.
Roubo : De vous dessouler, vous voulez dire ?
Dotzi : Quitter un désert, ça donne soif.
Roubo : Vous ne l’avez donc pas eu, le privilège de …
Dotzi : Pas eu, quoi !
Roubo : Le privilège de baigner dans l’amour…
Dotzi : Me souviens de rien…
Roubo : On revient donc à la case départ.
Dotzi : « J’ai mal ! Je veux mourir » ?
Roubo : Mais vous n’avez plus mal ! Et vous ne voulez pas mourir !
Dotzi : Ah ça non ! Plutôt crever !
Roubo : On vous a mis dehors et on vous a fait revenir sans encombre… On n’arrête pas le progrès.
Dotzi : C’est reparti pour un tour.
Roubo : Après la nuit, l’ennui…
Dotzi : Que vais-je faire de cette vie qui m’a été rendue ?
Roubo : Vous verrez bien. Vous avez toute la vie devant vous…
Dotzi : Toute la vie ? Comme vous y allez !
Roubo : Enfin, vous ferez ce que vous pourrez. Biner vos patates, par exemple.
Dotzi : C’est bien là le problème. C’est que je peux de moins en moins…
Roubo : Si au moins vous aviez vu l’amour dans votre nuit ! Mais non. Monsieur se balade dans l’au-delà et en revient comme il était avant. Ce n’est pas ce que disent les illuminés…
Dotzi : Je suis maudit alors ? Dieu n’a pas voulu de moi vu que je n’ai pas vu l’invisible.
Roubo : Dieu est mort pour vous.
Dotzi : Je n’ai pas dit ça.
Roubo : Mais si vous aimez tant tâter les seins, il faut dire que ça fait obstacle.
Dotzi : Le miracle n’est pas pour demain.
Roubo : Il y a du chemin à faire encore. Et nous avons toute la vie devant nous.
Dotzi : Qui sait jusqu’à quand la vie voudra encore de nous ?
Roubo : Qui sait ?
Dotzi : Qui sait si elle ne nous donnera pas encore la chance de mourir pour voir l’aube ?
Roubo : Qui sait ?
Dotzi : Mais que faut-il faire pour ça ?
Roubo : Mourir à la mort et sourire à l’amour…
Dotzi : Qui sait ?
Roubo : Et ne plus crier « J’ai mal ! Je veux mourir ! »
Dotzi : Je sens pourtant que ça revient…
Roubo : Qu’est-ce qui revient ?
Dotzi : L’envie de…
Roubo : Infirmière ! Infirmière !
FIN
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