Ecrittératures

14 octobre 2014

Antranik

Filed under: GENOCIDE ARMENIEN — denisdonikian @ 5:18

Je ne sais rien de cette photo. Et je ne sais plus si elle figure déjà sur ce site.

Mais elle est tellement belle ( et authentique) que cela valait la peine de la montrer.

Chacun peut trouver les noms des personnes photographiées et  faire bénéficier nos lecteurs de ses découvertes.

(cliquer dessus pour agrandir)

2014-10-12 13:41:37

10 commentaires »

  1. Voir ces hommes courageux me rend fier d’être arménien !

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    Commentaire par antranik21 — 14 octobre 2014 @ 6:43

  2. Sur ces visages on lit :

    – l’espoir, malgré tout, malgré les morts, malgré les souffrances, malgré la faim, malgré la peur, malgré la maladie, qui rôdent
    – des générations, des milieux, des origines très diverses, mais qui pourtant se rejoignent, retrouvant un sillon précieux, toujours présent, parfois oublié, souvent menacé : la foi dans le don de soi
    – une sorte de jeunesse éternelle, qui brûle au plus profond, qui illumine cette petite cour, qui soulève les corps, qui donne des ailes
    – un courage immense, d’autant plus vaste que les survivants se comptent, que les heures sont précieuses, fugaces
    – un message enfin, délivré à tous ceux qui découvriront cette photographie à travers l’espace et le temps : ensemble, pour que justice soit rendue, pour que l’humain ne soit jamais oublié, pour que l’être prime sur l’avoir – ce communisme des purs, qui survit aux chars et aux tyrans, et qui refleurit à chaque printemps des révoltes

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    Commentaire par George — 14 octobre 2014 @ 7:44

  3. Magnifique George !

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    Commentaire par Dzovinar — 15 octobre 2014 @ 6:03

  4. Georges est lyrique. C’est normal, il a bu son jus d’orange matutinal. La vitamine C ça fait pousser des ailes au cervelet. Et comme la chanteuse lyrique est aux aguets, elle n’en perd pas une. Bon, Antranik, le général a tout de même un sacré visage, sinon un visage sacré.

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    Commentaire par denisdonikian — 15 octobre 2014 @ 6:11

  5. Le lyrisme est une ivresse et l’homme s’enivre pour se confondre plus facilement avec le monde.
    Milan Kundera, in La vie est ailleurs (1969)
    Soyons kundériens, sinon rien !

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    Commentaire par George — 15 octobre 2014 @ 2:41

  6. 38 personnages sur cette photo. Un chiffre qui n’est qu’un chiffre, certes. Maintenant on imagine ce qui se cache dans les postures, dans les têtes, dans les regards, sur les lèvres. Multiplié par 38. Car l’histoire ça démarre avec le corps. Au plus intime, souvent. Revenons à nos personnages. Le destin a fait de l’un un militaire, de l’autre un prélat, de tel autre encore un aventurier. Ces 38 se retrouvent là, par hasard et en même temps, par un hasard voulu. Voulu par qui ? Autre question. Nous sommes à Etchmiadzine en 1919. Où en est-on en 1919 ? Guerres avec la Géorgie, l’Azerbaïdjan et la Turquie des troupes kémalistes. Autant dire un chaos complet. Qui rappelle l’ambiance du Coup de grâce. Cette Courlande, toute yourcenarienne, faite d’aristocratie, d’érotisme trouble – pas une femme sur cette photo, notez -, ruine d’une époque et montée du bolchévisme dans un climat de guerre civile. Cette même époque où un certain Tcharents se souvient de Dante, où d’autres s’enivrent de futurisme russe, où un certain Vassili (Kandinski) traverse toutes les frontières du visible, où les femmes – très rares, il est vrai – osent toutes les audaces – pensons à cette météorique Zabel Essayan. Alors oui, il y a dans cette photo un bouillonnement de possibles, une convulsion de l’Histoire, au bord du précipice, tout près de l’Idéal et de la mort, qui fait songer à ces alcools forts, à la guerre d’Espagne d’Orwell, au Mexique de Trotski ou au Cuba d’Hemingway… Cette photo aux 38 personnages nous renvoie l’infini, quasi mathématique, des hasards et des volontés, des existences jouées comme à la roulette russe, ou données sans retour. Nous sommes bien dans le dédale de Minotaure. Les photographes prennent le relai. Puis vient le tour des peintres (Martiros Sarian ou Gorky, au choix) et des écrivains. Puis vient le tour des témoins qui prennent la parole qui a été refusée à leurs ascendants. Chemin commun à toutes les diasporas. Diasporas, encore un effort… (comme disait l’autre).

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    Commentaire par George — 15 octobre 2014 @ 5:29

  7. Après le lyrisme, le délire. Sacré George 8

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    Commentaire par denisdonikian — 15 octobre 2014 @ 7:41

  8. L’Histoire (avec ou sans h majuscule) est délirante. Les hommes y répondent par un lyrisme, plus ou moins réfléchi, qui n’est autre qu’un délire à la (dé)mesure de cette folie ambiante. Lyre : instrument à cordes, affectionné des esprits désaccordés. Résumons : lire et relire le roi Lear, pour élire Amanda (Lear, of course ;-).

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    Commentaire par George — 15 octobre 2014 @ 10:20

  9. Le destin des arméniens est une histoire faite des souffrances mais aussi de lumières.
    La richesse de ce peuple, dans tous les sens du mot, en a fait une proie pour TOUS les prédateurs, aux quatre poins cardinaux de cette terre élue.
    Que ce soient les européens, les russes ou les ottomans, jamais aucune de ces puissances n’a voulu d’une Arménie indépendante.
    Les premiers s’en sont servis pour abattre un empire décadent, les seconds pour prendre pied dans une région stratégique…après que les derniers aient préparé leur travail en dépeçant les forces vives d’un peuple haï pour son intelligence et sa droiture.
    Parmi ces 38 hommes, et tant d’autres anonymes ou connus, combien auraient pu donner un essor à une nouvelle nation digne et pacifique ?
    Mais ils ont été sacrifiés parce qu’on ne voulait pas leur donner une place dans ce monde où prédomine la loi du plus fort, du plus avide de pouvoir.

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    Commentaire par antranik21 — 17 octobre 2014 @ 7:05

  10. Je ne sais pas en quoi consiste la richesse du peuple arménien, cher Antranik. Richesse intellectuelle, peut-être. On voit ce que donnent les individus quand ils vivent dans des environnements propices à leur développement. Richesse culturelle ? C’est moins sûr. On confond souvent richesse culturelle et richesse patrimoniale. J’entends par richesse culturelle l’excellence pour une nation donnée de sa manière d’appréhender le monde et de l’utiliser pour le mettre au service de son bonheur. Or, là, on est loin du compte quand on voit que cette « richesse » appauvrit la population et ne produit que du sauve-qui-peut. J’ai toujours pensé que les Arméniens n’avaient pas le sens du bien public. Là encore l’Arménie le démontre. Je sais qu’elle est en période d’apprentissage, ce qui lui donne des circonstances atténuantes. En France, ce bien public est institutionnalisé. Et n’est pas toujours respecté. En Arménie, le bien privé prime sur le bien public. Mais la conscience du bien public progresse et bataille contre l’autre, à savoir les oligarques. La diaspora, en allant aider les Arméniens d’Arménie ou de l’Artsakh fait preuve de ce sens du bien public. C-est-à-dire aider au progrès social et culturel sans aucune contrepartie. Sauf quand les missionnaires dachnaks y vont avec des idées derrière la tête à l’instar des missionnaires catholiques du XIXe siècle en Turquie.

    Par ailleurs, cher Antranik, je ne partage pas votre point de vue quand vous incriminez les prédateurs acharnés à dépecer les Arméniens. Pensez aussi que nos divisions ont souvent joué contre nous. De plus, quand la Turquie était dépecée, à la merci des uns et des autres, Ataturk n’a pas incriminé les Turcs, il les a soulevés et tous l’ont suivi comme un seul homme. Antranik n’a pas pu soulever les Arméniens, d’abord parce qu’ils étaient trop faibles en nombre, mais surtout parce qu’ils étaient divisés.

    Les Turcs ont défendu leurs intérêts nationaux en les mettant au-dessus des considérations morales. Le génocide a réussi parce que le meurtre de masse fut pratiqué dans un contexte de guerre général et que le plan était machiavélique, et même « incroyable ». Nos intellectuels à commencer par Zohrab n’y croyaient pas. Pourquoi ? Parce que nous sommes une nation chrétienne entravée par une morale. Avec ces ingrédients psychologiques on ne peut pas être une nation qui soit à la hauteur de sa propre terre. Si les activités de l’Asala ont été réprouvées par la diaspora, c’est que la morale y était pour quelque chose. Et pourtant, c’est l’Asala qui a permis de faire émerger la question arménienne.

    Donc, n’allons pas chercher les raisons de nos défaites chez les autres. Elles sont en nous.

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    Commentaire par denisdonikian — 17 octobre 2014 @ 8:43


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