Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme,
Par exemple, tenez, en variant le ton :
Agressif : « moi, monsieur, si j’étais un tel con,
Il faudrait sur-le-champ que je me suicidasse ! »
Amical : « même un con aux bras d’une connasse
Ne saurait mieux que vous être des cons le pape. »
Descriptif : « seul un con que l’esprit handicape
Ne trouve rien à dire à son moi minuscule. »
Curieux : « de quoi sert cet air niais ridicule,
D’écriteau, sot monsieur, ou d’entrée au zoo ? »
Gracieux : « aimez-vous à ce point les zozos
Que naturellement vous ayez toujours hâte
De tendre aux cons finis une tête adéquate ? »
Truculent : « ça, péteux, lorsque vous déconnez,
Sentez-vous des vapeurs vous échapper du nez
Puant les œufs pourris de niaiserie innée ? »
Prévenant : « gardez-vous l’ânerie entrainée
Par le moi de tourner en parleur de paroles. »
Tendre : « Le con en soi est une parabole,
Qui à la fleur des champs s’adresse comme un âne. »
Pédant : « Quel moi exhale une fêlure insane
Qui trahit la beauté de l’immense cosmos
Que ce cornu d’éléphantorhinocéros ? »
Cavalier : « Quoi, l’ami, les cons sont donc en vogue,
Pour saler ses dîners, on en ferait sa drogue. »
Emphatique : « Nul vent ne peut, pet impérial,
Tempêter contre un con en tous points radical. »
Dramatique : « c’est un Poutine schizophrène ! »
Admiratif : « un Aliev en crocomitaine! »
Lyrique : « est-ce un comique, êtes-vous un couillon ? »
Naïf : « Triceratops, as-tu des rejetons ? »
Respectueux : « Souffrez, benêt, qu’on vous conspue,
C’est le moins que l’on puisse à la hyène absolue ! »
Campagnard : « Hé, vé, con ! C’est-y un nain humain,
Un drone d’assassin bouffeur d’homme à sa faim ? »
Militaire : « tirez, cons ! contre connerie ! »
Pratique : « à concourir pour la fripouillerie,
Vous seriez, monsieur Con, l’Erdogan des charlots. »
Enfin parodiant Rostand, l’anti-sumo :
« Le voilà donc ce Trump, qui des traits de son être
A conquis l’Amérique : il en jouit, le piètre. »
– Voilà ce qu’à peu près, pauv’con, tu m’aurais dit,
Si tu étais un homme enrichi d’un esprit.
Mais d’esprit, ô le plus animal de nos maîtres,
Tu n’en fis que du sang, quant à être
Compatissant, le con en toi en a défaut.
Si tu avais au moins l’étincelle qu’il faut
Pour entrer en lumière et fuir ta barbarie,
Mais con tu es et si baigné de connerie
Que la grâce jamais ne touchera ton art
De vivre en guerre avec l’esprit du monde, car
Tous ces mots que j’ai dits au con qui les conserve
Je les dis contre moi pour que Dieu m’en préserve.
Denis Donikian
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