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Notre avis : On peut se demander s’il ne faut pas déplorer que la trame du film soit conçue pour faire émerger le génocide de 1915 qui se déroule sur un fonds d’histoire amoureuse à trois, entre un journaliste étranger, un apprenti chirurgien et une femme libre et dévouée qui sera emportée dans la tourmente des évènements. Cela conduit à une enfilade de clichés qui peut séduire les esprits romantiques tandis que les faits historiques proprement dits oscillent entre vérités crues et nues ( massacres, rencontre Morgenthau et Talaat…) et distorsions ( les rescapés du Mont Mussa sauvés par les Français ne semblent pas être, dans le film, originaires du lieu même comme dans les « Quarante jours du Musa Dagh », roman fondé sur la résistance arménienne). On assiste donc à une forme de synthèse des faits qui n’étonneront pas les Arméniens avertis. Pour autant, ce film qui vise directement le négationnisme de l’Etat turc, mais aussi certains modes récurrents de pratiques arbitraires ( emprisonnement d’un journaliste, racisme anti-arménien) va très certainement toucher sa cible, à savoir les Turcs eux-mêmes, ceux qui sont arc-boutés sur leurs mensonges mais aussi ceux qui cherchent la vérité.