Ecrittératures

30 novembre 2022

ODE AUX SEMEURS de SENS

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muscari armeniacum

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Il est de ces amis qui ont tant d’amitié pour vous qu’ils l’expriment moins par les mots que par les œuvres. De ces amis qui agissent dans les coulisses plus qu’au grand jour. Et qui marquent votre vie de quelque chose qui relève aussi bien de l’éphémère éblouissant que de ce qui est censé aller plus loin que nos petites existences. Un ami qui ne puise pas aux mêmes sources d’activité que vous mais qui vous permet de faire aboutir vos obsessions. Car la cause absolue qui alimente la sienne embrasse la même cause que la vôtre. Et comme dans un crime il faut toujours chercher la femme, il arrive qu’en amitié rien ne soit possible sans celle qui orchestre dans l’ombre les générosités dont vous bénéficiez sans le savoir.

De fait, Manoug ne va pas sans Aravni dans l’amitié qu’ils m’ont offerte soit pour conduire une exposition (Musique des Sphères, 2000, INSA, Lyon), soit pour promouvoir  un livre (Un Nôtre Pays, 2003, Villeurbanne) soit pour le produire (Petite encyclopédie du génocide arménien, Geuthner, 2021).  Leur couple, sur toute une vie, fut celui d’un enfant en dialogue avec une colombe, l’un brûlant d’idées généreuses, l’autre les tempérant au souffle de ses ailes. A l’heure des bilans et des maladies, quelque chose d’eux restera dans les mémoires et dans les cœurs de ceux qui ont bénéficié de leurs dons à trouver des voies au désespoir et à ressusciter le désir quand la vie vient à vous déserter. C’est ainsi que chacun reste dans l’esprit de ce monde selon ce qu’il  y aura semé.  Et en l’occurrence, Manoug et Aravni auront beaucoup semé tant autour d’eux qu’en Arménie.

Car au-delà de ma simple personne, d’autres livres seront publiés et d’autres expositions mécénées grâce à leur fondation MUSCARI (en référence à la muscari d’Arménie, muscari armeniacum), dont « la vocation sera de soutenir les projets artisanaux, artistiques et culturels valorisant le savoir-faire arménien et de les faire rayonner dans le monde entier ».

De ces projets fous, retenons-en trois, tous relevant du même parcours du combattant.

L’édition d’un dictionnaire français-arménien de mathématiques. Une obsession qui a duré des années, sollicité beaucoup de compétences, impliqué de nombreuses corrections et surtout beaucoup d’argent. Mais Manoug-Aravni ont tenu bon jusqu’au bout. Car en matière de projets culturels, ce sont des jusqu’au-boutistes.

La mise en place en 2014, à Gumri, avec un autre jusqu’au-boutiste, amoureux de l’Arménie depuis plus de trente ans, Antonio Montalto, d’un atelier artisanal de céramiques dans la tradition des potiers arméniens de Kütahya. L’intention étant de considérer l’art comme un acte de résilience autant que de résistance. Gumri étant une ville sinistrée par le séisme de 1988 et un centre traditionnel d’artisanat. Or, ce défi était loin d’être gagné. Mais les deux obstinés ont réussi l’impossible comme de faire venir de France des potiers de renom pour former les jeunes arméniens ou d’exposer les œuvres un peu partout en France.

Quant à la publication de la Petite encyclopédie du génocide arménien que la Fondation Muscari avait prise en charge, elle fut parsemée de doutes, d’obstacles imprévisibles et autres empêchements de toutes sortes. Mais l’idée était là. L’idée de nous le faire, ce sacré bouquin. Avec le sentiment qu’il nous dépassait tous. Moi-même, dans les abîmes de mes maladies, je voyais s’éloigner la jouissance de tenir en mains cette « chose qui disait notre Cause » et qui résumait vingt années de travail et peut-être toute une existence.  La mienne autant que celles de Manoug et Aravni dans la mesure où nous avions milité ensemble dans le même mouvement et pensé chaque jour dans le même état de résistance.

Mais voilà qu’en plein Covid, Manoug perd le contrôle de lui-même à cause d’une maladie qui le met à terre, lui le battant, lui le fervent, lui la voie sûre et sereine. A plat, dans le doute, dans la tension avec lui-même, le fougueux tout à coup devenu incertain.

Dans ce gouffre où le projet tombe à l’eau, des proches prennent la relève sans trop savoir où aller ni comment aboutir. De rêve qu’elle était, la publication de cette petite encyclopédie devient cauchemar. Et puis lentement, à la force de celui qui rivalise de persévérance devant les rivalités, Manoug reprend la course. Après de multiples allers et retours à Paris auprès d’un éditeur perfectionniste qui a du nom, Manoug saisit la corde qu’il avait lâchée un moment et remonte le fil du projet. Décision est prise. Amis et professionnels se mettent en place comme dans un orchestre où chacun se saisit de son instrument pour jouer en harmonie avec les autres. Qui offre des photos rares, qui les scanne en haute définition, qui va en chercher les droits, qui met en œuvre la maquette, qui réalise la couverture, qui fait la relecture… Et Manoug joue le jeu de cette symphonie euphorique en assurant les finances, les coordinations et les rabibochages quand les esprits s’échauffent et les cœurs balancent.

Et maintenant que ce livre est né de nous et par nous, il est là dans le monde. Un monde qui aura beau dire et beau faire pour brûler nos corps de mémoire et favoriser l’oubli monstrueux. Un monde où l’on sait qu’il y restera au-delà de nous-mêmes qui avons semé une part de la vérité des hommes.

Oui, par cette « chose qui dit notre Cause, » Manoug et Aravni, auront semé du sens au-delà de leur propre sang.

 

Denis Donikian

27 novembre 2022

Salons du livre arménien. Salons pour rien ?

Le mois de novembre est pour le livre arménien un mois où fleurissent les salons qui lui sont consacrés. Grâce aux efforts des responsables, la culture arménienne fait preuve d’un dynamisme certain. Cependant, dès lors que cette culture est gangrénée par une idéologie ou portée par des personnes qui ont moins d’exigence culturelle que de compétence commerciale, cette vocation à honorer les auteurs tourne au fiasco et finit dans la honte.

Je regrette d’avoir à me défendre en tant qu’auteur de la Petite encyclopédie du génocide arménien, en évitant d’évoquer mes ouvrages purement littéraires. Mais je dois reconnaître qu’aucun de ces salons n’a daigné m’inviter, faisant fi de l’importance d’un tel ouvrage soit pour la transmission de notre histoire aux jeunes générations soit en tant qu’ouvrage de référence. Il reste à savoir si les responsables de ces salons ont bien eu l’idée de commander ce livre à notre éditeur.

Ce qui me conduit à ressortir un vieux texte qui reste toujours actuel. Ce qui me conduit à dire aussi que nos manquements à la culture arménienne sont déjà responsables de nos défaites, tant en diaspora qu’en Arménie.

(27 novembre 2022)

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Plaidoyer pour une Maison arménienne de la Culture

Un jour, à une question sur la tolérance, l’intolérant Claudel, spirituel en diable, répondit qu’il y avait des maisons pour ça. Il se trouve que l’inculte et paresseux que je suis, à une question sur la culture arménienne, pourrait répondre sur le modèle claudélien que nous avons pour ça nous aussi des maisons. Et comme toute maison de tolérance est le lieu d’une pratique physique de l’amour, je serais tenté de dire que les maisons de la culture arménienne sont des lieux d’une pratique politique de la culture, c’est-à-dire d’une culture qui, loin de tolérer l’amour de la culture, se définit par le rejet de tout ce qui la contrarie.

Il est vrai que les gardiens du temple de la culture arménienne n’ont pas eu à passer un examen de compétence, ni à répondre à la question du sens de la culture et de son contraire. Il leur suffisait d’être idéologiquement estampillés pour être aussitôt promus vestales à vie de la flamme et du flambeau. C’est que chez nous, comme chez les peuples assignés à la survie, la culture a souvent été fille de la politique, pour ne pas dire sa putain. Ce qui nous conduit à dire qu’en nos culturelles maisons de tolérance, la culture se prête au peuple venu jouir de soi, lui offre une panoplie de positions typiquement arméniennes, sans que ce même peuple parvienne jamais à l’engrosser. Instruments préservatifs de jubilation par quoi le peuple s’autoconsomme en images masturbatoires, nos maisons cultuelles sont les antichambres stériles de la mort culturelle.

Loin de nous l’idée de croire qu’une culture ne doive pas cultiver son particularisme ou marquer sa singularité. Si la culture est la part visible d’une mentalité collective, la culture arménienne montre le bien de ce que nous sommes sans parvenir pour autant à en dissimuler le mal. En ce sens, les maisons de la culture maintiennent une ligne de conduite non négligeable derrière laquelle elles font vivre le passé. Quitte à réduire parfois la culture à un culte orienté de l’histoire, à des revendications politiques et à de grandes bouffes religieusement barbares. Même s’il est vrai que ces maisons, fondées sur des principes de préservation, n’ont montré aucune vocation à accueillir les déshérités venus d’Arménie, elles ont été à la pointe de l’urgence quand le pays appelait au secours. Une culture de l’humanitaire tournée vers la sauvegarde du pays ne saurait être confondue avec un humanisme au service de l’homme quel qu’il soit et quelle que soit sa souffrance. Que non !

Mais ces maisons, comprises comme des musées du ressassement, ne doivent pas nous faire oublier que les cultures narcissiques souffrent d’insuffisance respiratoire. Quand la culture est dominée par ses gardiens au détriment de ses acteurs, elle produit de l’atonie. Quand ces mêmes gardiens sont plus éduqués pour maintenir leurs réponses que pour accueillir les questions, la culture court à son dépérissement. Ce qui revient à dire que si les maisons de la culture arménienne ne sont pas des maisons arméniennes de la culture, c’est bien qu’elles se préoccupent moins de l’Arménien tel qu’il est que de l’Arménien tel qu’elles voudraient qu’il soit. La culture est un projet éducatif inhérent à un programme politique. Dans l’état de survie où nous sommes, quoi de plus normal ? Mais dans la mesure où toutes les maisons de la culture arménienne relèvent d’une même autorité politique, on est en droit de parler d’idéologie. Si la culture vivante déserte ces maisons qui chercheraient sinon à l’y inviter, du moins à la récupérer, c’est bien qu’elle n’y trouve pas matière à s’inventer de nouveaux modes d’expression.

Or, l’idéologie et la culture ne font pas jamais bon ménage. Celle-ci y joue le rôle de la femme instrumentalisée à des fins purement nationales. Dans ce cas de figure, la culture se manifestera sous des formes dangereusement ethnocentriques de repliement sur soi et de reniement des autres. Ceux-ci étant aussi bien les non-Arméniens que les Arméniens qui pensent autrement l’arménité qu’en termes de préservation. Aujourd’hui la culture arménienne en France a atteint les limites du supportable et souffre de cet ostracisme rampant. Les gardiens de la culture, grâce aux pouvoirs médiatiques qu’ils détiennent, sont devenus plus importants que ses acteurs. Aujourd’hui ceux qui questionnent la culture sont tués dans l’œuf par le silence dans lequel les plongent les gardiens, et demain par les menaces qu’on fera peser sur eux. Mais ces mêmes gardiens relaient jusqu’à plus soif les messages de leurs partisans idéologiques ou ceux qu’ils jugent favorables à leur ligne.

Chacun aura compris que les maisons de la culture arménienne ne peuvent se prévaloir de l’objectif de préservation pour devenir des maisons d’intolérance culturelle. Que la meilleure façon de faire de la culture, c’est d’échapper à sa folklorisation, c’est de la confronter aux autres cultures pour qu’elle s’en nourrisse. On constate déjà les effets de ce métissage partout où la culture arménienne fait fi d’une idéologie de la pureté culturelle, en Arménie dans les arts plastiques, en diaspora essentiellement dans les arts musicaux qui ont relevé le défi moderne de l’interculturalité. De la sorte, le message arménien passe mieux et sonne comme un renouveau énergétique et vivant.

Si Paris devait se doter d’un lieu où l’arménité puisse exprimer son humanité pleine et entière, ce n’est pas par une réplique des maisons de la culture arménienne qu’elle y parviendrait, mais par la fondation d’une Maison arménienne de la culture.

Août 2004

Texte repris et publié dans notre ouvrage Vers L’Europe, du négationnisme au dialogue arméno-turc (Actual Art, Erevan, 2008)

26 novembre 2022

Des CONS et de la CONNERIE ( 42)

Filed under: Des CONS et de la CONNERIE — denisdonikian @ 11:44

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( Œuvre de Denis Donikian

Vivre en Arménie avec la nature, 25/11/2022)

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La connerie est d’autant plus prétentieuse qu’elle s’arroge le droit de s’exprimer en ignorant ce qu’elle est.

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25 novembre 2022

ARMEN’LIVRES

Filed under: Des CONS et de la CONNERIE — denisdonikian @ 7:01

 

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Ne ratez pas  la 17e édition de l’excellent salon du livre ARMEN’LIVRES d’Alfortville.

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Vendredi 25 novembre 2022 :Présentation du nouveau musée arménien de Jérusalem aux écoles franco-arméniennes d’IDF

Samedi 26 novembre 2022 : Participation à l’émission « Cartes sur Table » sur AYP FM 99.5

Samedi 26 novembre 2022 – A 19h : Présentation des Arméniens de Jérusalem et de son Nouveau Musée Arménien par Claude Mutafian, historien et auteur du livre « Jérusalem et les arméniens »

Samedi(S) 26 novembre – 14h/18h Dédicace des auteurs (nouveauté 2022) :

Gorune Aprikian, Henry Cuny, Anaïd Demir, Claude Moutafian, Mourad Papazian, Patrick Rollier, Tigrane Yegavian, Corinne Zarzavadtjian

Dimanche 27 novembre – 14h/18h Dédicace des auteurs (nouveauté 2022) :

Françoise Ardillier-Carras, Hasmig Chahinian, Ara Dandiguian, Jean-Pierre Kibarian, Ara Krikorian, Anny Romand, Varoujan Sirapian, Taline Kortian, Dikran Tchertchian

Dimanche 27 novembre 2022

Selection du gagnant du concours de bande dessinée en langue arménienne

Edition spéciale MCA – Film de présentation

Le film de la MCA retrace le chemin de sa création il y a plus de 50 ans, son évolution jusqu’à aujourd’hui et ses projets d’avenir.

 

Ce Film sera projeté en continu tout au long du salon

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Arax Der Kevorkian

Directrice

M.C.A. Alfortville

9, rue de Madrid

94140 ALFORTVILLE

tél: 01 43 76 55 89

mca.alfortville@gmail.com

 

De : Maison de la Culture Arménienne Alfortville <mca.alfortville@gmail.com>

Envoyé : mercredi 16 novembre 2022 15:16

Objet : MCA : Programme Armen’Livres 2022

 

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Denis Donikian

Auteur de

PETITE ENCYCLOPEDIE du GENOCIDE ARMENIEN

 

Définitions hypothétiques, symptomatiques ou poétiques (20)

Filed under: Définitions hypothétiques, symptomatiques et poétiques — denisdonikian @ 8:53

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Mariage : Croisement d’un homme et d’une femme passant de la solitude à l’ébriété et de l’ébriété à la solitude.

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( Graphe d’Alain Barsamian)

24 novembre 2022

Définitions hypothétiques, symptomatiques ou poétiques (19)

Filed under: Définitions hypothétiques, symptomatiques et poétiques — denisdonikian @ 7:51

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Infarctus : Général romain mort d’une crise cardiaque qui a donné son corps à la médecine.

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(Graphe d’Alain Barsamianus, général romain)

23 novembre 2022

L’ACTU QUI TUE (novembre)

Filed under: L'ACTU QUI TUE — denisdonikian @ 6:20

(Novembre 2022)

En prévision du prochain génocide programmé par la Turquie et l’Azerbaïdjan, l’Arménie a reçu 39 ambulances offertes par le gouvernement japonais. Le Premier ministre arménien n’a même pas eu l’idée d’en commander plus. Certains disent que c’est pour ne pas froisser la France qui n’a pas eu la même idée que les Japonais. L’opposition proteste violemment contre Pachinian lui reprochant d’avoir accepté des ambulances alors qu’en cas de génocide il aurait fallut commander des cercueils.

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Ça y est. Après des années d’enquête, les Arméniens viennent de comprendre pourquoi l’Azerbaïdjan a gagné la guerre de 44 jours en 2020. Ils auraient tenu la clef de cette énigme en tombant sur les indiscrétions d’un ouvrier azéri ayant travaillé dans le papier. Selon lui, depuis bientôt trente ans, le président Aliev a toujours commandé à son usine ses propres rouleaux de papier hygiénique sur chaque feuille duquel il fallait imprimer la figure d’un Arménien. Et après son élection, celle du Premier ministre Pachinian. Depuis cette découverte, les Arméniens impriment du papier hygiénique avec le portrait d’Aliev sur chaque feuille. Les rouleaux se vendent comme des petits pains. D’ailleurs on en trouve aussi dans les boulangeries. Il y a même des petits malins qui en stockent en vue d’une nouvelle guerre pour les offrir aux soldats.

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Bravo ! Selon Armenews, « le 18 novembre dernier, une petite fusée conçue par les élèves de l’école arménienne « Ayb » a été envoyée dans l’espace depuis l’Inde par la fusée subsonique de la société Skyroot Aerospace. L’appareil de 197 grammes conçu par les étudiants du club d’ingénierie d’étude de conception « Ayb » a été placé dans une fusée sous-orbitale et lancé dans l’espace à quelque 125 km d’altitude. Il ainsi traversé l’atmosphère terrestre pour se situer dans l’espace. » Cependant, on est en droit de se demander si la coopération des petits futés de l’école arménienne « Ayb » avec l’Inde ne devrait pas les conduire à revenir sur terre, sur leur terre, pour défendre ses frontières. Il suffirait d’ajouter quelques grammes aux 197 dont ils sont capables pour toucher le talon d’Achille de leur ennemi. Qui demande au ciel de l’aider devrait d’abord ne se fier qu’à la terre qui est à ses pieds.

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Quel est le talon d’Achille d’Aliev ? Tout le monde le sait, sauf les Arméniens. Sinon, ils auraient déjà à leur disposition plus d’un missile à longue portée capable d’atteindre les puits de pétrole.

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Photo de Harvey Sapir sur Pexels.com

Pour contrer l’éléphant Aliev qui menace d’entrer en Arménie, les Arméniens commencent à construire des magasins de porcelaine.

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Salon du livre arménien.

Boghos Boghossian : Monsieur Donikian, vous voilà invité à un salon du livre pour votre monumental Petite encyclopédie du génocide arménien publié l’an dernier chez Geuthner, je le précise. Vous devez être heureux, non ?

Denis Donikian : Oui bien sûr. J’ai attendu ce jour toute ma vie. Vous savez, c’est un travail de vingt ans. Je ne vois pas comment on aurait pu éviter d’honorer la sortie d’un livre qui retrace le destin des Arméniens depuis cent ans.

B.B. : En effet. C’eût été assez honteux qu’il ne fût honoré comme vous dites, même si le livre sorti depuis un an n’a fait l’objet d’aucune curiosité de la part de nos associations. Mais on peut tout attendre des Arméniens, à quoi bon se lamenter.

D.D. : Se lamenter est lamentable, je pense.

B.B. : En tout cas, votre livre fait masse par rapport aux autres. Et quand on le met debout sur une table parsemée d’autres bouquins, on dirait qu’on a affaire à une érection monumentale.

D.D. : Avec ça, mon cher, tous les grincheux, les jaloux, les butés, les butors et les idéologues de service en prennent plein la gueule. Mais je vous fais remarquer que c’est le moins personnel de mes livres. Je veux dire que c’est un ouvrage fait par d’autres plus compétents que moi. J’ai simplement joué le rôle de passeur.

B.B. : Et avec votre présence à ce salon, vous voyez que vous n’êtes pas un écrivain mort.

D.D. : Au contraire, cher ami. Cette présence à ce salon du livre pour un ouvrage qui est le moins personnel de ceux que j’ai écrits n’est rien d’autre qu’une sorte d’enterrement de l’écrivain. C’est que les organisateurs de ce salon sont des rusés. En m’invitant, ils obtiennent l’effet qu’ils ont toujours cherché, à savoir me rendre inexistant. Car je déplais à force de me comporter comme un Diogène, comme un chien donc, qui pratique le cynisme pour dénoncer nos hypocrites, nos idéologues et nos imbéciles. Or quand les sottises triomphent, les défaites ne sont pas loin.

B.B. : Merci pour cette mise au poing.

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Définitions hypothétiques, symptomatiques ou poétiques (18)

Filed under: Définitions hypothétiques, symptomatiques et poétiques — denisdonikian @ 10:23

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Banque : Débit de pognon qui ne prête rien aux pauvres et ne donne rien aux riches.

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( Graphe d’Alain Barsamian dit le Zèbre de Tasmanie)

22 novembre 2022

Définitions hypothétiques, symptomatiques et poétiques (17)

Filed under: Définitions hypothétiques, symptomatiques et poétiques — denisdonikian @ 4:35

mer femme chaine bijoux

Photo de Jonaorle sur Pexels.com

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Cul : Val de grâce.

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21 novembre 2022

Diététique de la force. Diététique de la farce (21)

Filed under: DIETETIQUE de la FORCE, DIETETIQUE de la FARCE... — denisdonikian @ 4:02

 

hieronymus

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Malbouffe : Crime contre l’humanité.

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