Ecrittératures

17 août 2013

Il est nécessaire de penser et de réfléchir

 

Par Moussa Mikaelian

L’Eglise apostolique arménienne s’est une nouvelle fois manifestée par des bruits nés autour d’elle. Comme celui qui fait la fête n’est jamais à cours de festiviés,  ces derniers temps, l’Eglise apostolique arménienne a fait l’objet de certains bruits.

A l’égard de ces bruits, devant les observations et les critiques qui ont été formulées et les demandes adressées à  l’Eglise et à ses responsables de changer leur conduite aussi bien socialement qu’individuellement,  cette Eglise ainsi que ses soutiens semblent avoir répondu par des réflexes d’autodéfense au lieu de mener une réflexion raisonnable et lucide.

Certes, il arrive souvent que mécontentements et critiques, exigences et observations dépassent les limites d’une réflexion et d’un bon sens qui soient empreints de lucidité. Mais ce sont à coup sûr des exceptions dans la mesure où ces bruits et ces critiques sont fondés sur des preuves et reposent sur des faits vérifiables. Et dans ce cas, la réplique de l’Eglise doit être orientée vers ce qui constitue l’essentiel et non l’exception. Cependant, on dirait que de toute évidence l’Eglise n’a rien à dire, qu’elle n’a aucun contre-argument à présenter, aucune réponse valable étant donné que déjà depuis fort longtemps sa manière de vivre se situe à l’opposé de la vie publique, se déroule selon un mode d’existence totalement imperméable.

Et donc dans ces conditions, il n’est ni déraisonnable ni anormal que les protestations et les mécontentements aillent jusqu’à

exiger la démission

du catholicos de tous les Arméniens. De fait, il faut comprendre cette exigence plutôt dans sa profondeur philosophique, à savoir que la société exige du catholicos de tous les Arméniens et des conseils ecclésiastiques qu’ils soient impliqués dans la vie publique, qu’à l’égard des problèmes sociaux ils cessent de jouer aux spectateurs indifférents ou aux juges hautains et deviennent des partenaires,  des associés,  des confidents, ou pour le moins des observateurs objectifs surtout quand le pays a un grand besoin d’instances

En réalité, tant le catholicos que les responsables des conseils ecclésiastiques ont de leur propre chef

démissionné de la vie publique et se sont retirés pour continuer à mener une existence luxueuse, qu’elle soit individuelle ou clanique. L’exigence de démission de la part de la société revient en fait à demander au catholicos et aux conseils ecclésiastiques qu’ils se consacrent aux choses réelles et qu’ils reviennent à la vie publique. Dès lors, le catholicos et les responsables des conseils ecclésiastiques, au lieu de se réfugier dans un réflexe d’autodéfense,  seraient bien avisés de se mettre à analyser cette profonde réalité, d’en examiner les tenants et les aboutissants, afin de mieux comprendre la société, de comprendre les mentaliés et les effets psychologiques qui découlent des changements dus à l’évolution moderne, l’influence morale de la consommation des biens technologiques, et ainsi qu’ils orientent leur conduite et leurs rapports avec la vie publique afin de participer à cette vie et de lui donner du sens.

Dans le cas contraire nous allons perdre le soutien d’un système au potentiel déterminant, qui découle de l’organisation en cours de notre vie nationale et administrative, lequel système peut nous permettre de nous inscrire dans la compétition internationale. Mais en raison d’appréhensions disproportionnées nous voici devant le danger d’un discrédit, d’une exclusion par rapport aux exigences de notre existence nationale et administrative, d’obstacles qui peuvent constituer autant d’interdits pour le développement de notre vie.

Le 17 aout 2013

Source : http://www.1in.am/arm/armenia_analysis_207083.html

Voir également : : http://www.lragir.am/index/arm/0/society/view/86889#sthash.H3Byfh51.dpuf

« Les Fils du Soleil » d’Erwan Kerivel

llettre d'information-BC DERSIM

 

5 questions décalées

1) Qui êtes-vous ?

Passionné par la culture anatolienne depuis plus de vingt ans, à la suite d’une rencontre avec des réfugiés politiques turcs et kurdes, Erwan KERIVEL est un écrivain autodidacte de quarante ans. Ouvrier dans la sidérurgie, puis devenu cheminot, il a travaillé durant dix ans sur l’histoire, les rites et coutumes des Alévis de Turquie en se rendant à de nombreuses reprises en Anatolie à la rencontre de ceux et celles qui font de leur croyance un universel amour de l’être humain.

2) Quel est le thème central de votre livre ?

Les Arméniens peu christianisés du Dersim ont gardé un vieux fonds païen iranien issu d’une religion qu’on a appelé le Mithraïsme. Ce vieux fonds païen a été revivifié par l’arrivée de peuples iraniens de l’ouest de la Perse qui partageaient sensiblement les mêmes croyances. L’Alévisme du Dersim est pour moi cette synthèse originale.
Ce qui explique les liens particuliers qui existaient entre Alévis et Arméniens du Dersim, entre ces « Fils du Soleil ».

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de votre livre, laquelle choisiriez-vous ?

« Nous trouvons dans le Mithraïsme et dans son adaptation arménienne, que je nommerai «paganisme arménien», un grand nombre de similitudes avec les croyances des Alévis dersimis qui me font croire à une continuité historique, une racine commune. »

4) Si votre livre était une musique, quelle serait-elle ?

Un air de duduk, mon instrument préféré. Un instrument arménien qui correspond si bien à la terre anatolienne.

5) Qu’aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?

Les Alévis dersimis et les Arméniens ont en commun le destin mortel d’être tombés sous les coups de la barbarie. Un génocide et un ethnocide à vingt ans d’intervalle environ auront eu raison de cette diversité culturelle du Dersim.

Ils ont un intérêt commun à lutter ensemble pour la reconnaissance des crimes contre l’humanité dont ils ont été victimes

En écrivant cet ouvrage, c’est encore une fois sous forme de cadeau à l’amitié que je place ma démarche. Les ponts ne demandent qu’à être reconstruits plus solidement encore. 

10 août 2013

Le catholicos Karékine II au banc des accusés

Francis Bacon, Etude d'après Veláquez : Portrait du Pape Innocent X, Detail (1953)

Francis Bacon, Etude d’après Vélasquez : Portrait du Pape Innocent X, Detail (1953)

www.keghart.com – 08.08.2013

Face aux crises locales ou nationales, de nos jours, la plupart des Arméniens  réagissent de deux manières : « Ne lavons pas notre linge sale en public » ou bien « Dénoncer est la première étape pour résoudre une crise. » Ces derniers mois, un scandale – énorme, épouvantable, insupportable – a éclaté au sein de notre communauté. Il ne s’agit pas moins que de la manière d’administrer et de la réputation du catholicos de tous les Arméniens, Karékine II. En tant que catholicos, il n’est pas seulement le chef spirituel de l’Eglise apostolique arménienne, mais il est presque aussi important aux yeux de la nation arménienne que le président de l’Arménie. Toute atteinte au catholicos porte atteinte à notre nation – y compris les fidèles de l’Eglise de Cilicie, les catholiques, les protestants… sans parler des athées.

Les critiques adressées au catholicos Karékine II ont alimenté des pétitions, donné lieu à des lettres ouvertes et à des articles, suscité des rassemblements, fait l’objet de commentaires dans les médias en ligne, d’aucuns allant même jusqu’à exiger la démission du catholicos. Ces accusations sont de tous ordres : fraude, turpitude morale, corruption, autocratie, déclin des mœurs et de la morale du clergé d’Etchmiadzine, malaise parmi le clergé… La liste est longue… Sans oublier les sept péchés mortels et quelques autres. Orgie de diatribes ? Complots de la part de ses ennemis ou d’ennemis de l’Eglise ? Allégations tirées par les cheveux ? Corbeaux ? Voici une compilation des échecs supposés du catholicos.

1 – Le catholicos Karékine II aurait été élu (1999) grâce à une fraude massive, avec l’aide de l’ancien président Robert Kotcharian et des oligarques d’Arménie. Intimidations et pots-de-vin furent utilisés pour obtenir des voix en sa faveur. De riches donateurs de la diaspora, dont une famille célèbre, contribuèrent à un bakchich de trois millions de dollars.

Ara K. Manoogian [Manoukian], militant des droits de l’homme à Los Angeles, a établi des données relatives à l’élection frauduleuse du catholicos. Pour résumer le point essentiel de son argumentation, les délégations de Russie et d’Arménie furent illégalement autorisées à disposer d’un nombre de voix bien plus élevé que ne le justifiait le nombre de leurs fidèles. Neveu du patriarche Torkom II Manoukian de Jérusalem, aujourd’hui disparu, Ara K. Manoogian précise que son oncle le mit au courant de cette élection frauduleuse et qu’il s’éleva contre cette manipulation grossière auprès du catholicos Karékine II, mais en vain.

De même, un mois avant cette élection, plusieurs archevêques publièrent une déclaration selon laquelle les autorités de l’Arménie « au plus haut niveau, sont parvenues à un consensus en faveur d’un candidat, qu’ils tentent d’installer sur le trône. » Se référant au futur catholicos Karékine II.

2- Le catholicos serait père de deux enfants. Une photo d’un de ses supposés rejetons circule sur internet. Une rumeur ferait état de sa relation intime avec une donatrice d’Amérique du Nord.

3 – Il serait peu versé en théologie ; ne connaissant guère l’histoire et les traditions de l’Eglise arménienne. Bien qu’il ait fait des études en Arménie et en Europe, son savoir universitaire serait superficiel. Il lui arriverait de trébucher en récitant le Notre Père. L’on doute même qu’il soit croyant.

4 – Il serait dépourvu de toute élégance ou dignité spirituelle. Oligarque, en royale soutane de pourpre, il administrerait Etchmiadzine de manière dictatoriale.

5 – En tant que juge suprême, chef du corps législatif, président du Conseil Spirituel Suprême et chef du Collège des évêques, il monopoliserait tout le pouvoir. Transparence et responsabilité sont autant de concepts qui lui restent étrangers.

6 – Il serait grossier, fruste, vulgaire, capricieux, injuste, discourtois, intempérant, incompétent, malveillant, infatué, injurieux, autoritaire, avide de gloire et d’argent, dénué de spiritualité et cachottier… Il n’est même pas sûr qu’il soit né en 1951 ou 1954.

7 – Sous sa direction, le Saint-Siège d’Etchmiadzine serait devenu un cloaque d’intrigues, de soupçons, de peur, de jalousie, d’intimidation et de népotisme. Son style stalinien à la Beria aurait fait d’Etchmiadzine une fosse aux serpents.

8 – Sous ses yeux, d’éminents ecclésiastiques d’Arménie auraient engendré des enfants et mèneraient des existences extravagantes. L’un d’eux – l’archevêque Navassart Kjoyan, en charge du diocèse de l’Ararat – possède une Bentley, une des voitures les plus chères existantes. Kjoyan serait aussi accusé d’être impliqué dans une escroquerie financière off-shore.

9 – L’homosexualité au sein du clergé en Arménie et en diaspora constituerait un autre point faible auquel le catholicos ne s’attèle pas.

10 – Sous ses yeux, d’éminents ecclésiastiques d’Arménie seraient devenus hommes d’affaires et propriétaires d’entreprises. Outre Monseigneur Kjoyan, citons l’évêque Abraham Mékertichian, de Vayots Dzor, autre ecclésiastique-homme d’affaires. Lequel possède plusieurs mini-complexes hydroélectriques.

11 – En tant qu’oligarque, le catholicos serait actionnaire d’une entreprise de minibus à Erevan.

12 – Il s’est approprié des biens appartenant à l’Eglise.

13 – Il néglige de restaurer des édifices monastiques historiques en ruine, alors qu’il dépense 309 000 dollars pour acquérir sept Toyota. Pour éviter de payer la TVA, il a soutenu que cet argent lui fut donné par l’oligarque Samvel Karapétian, propriétaire de la société Tachir. La « négligence » du catholicos à l’égard des édifices historiques de l’Eglise a été décrite comme un « génocide culturel à l’encontre des églises et des monastères arméniens du Moyen Age. »

14 – Son attitude et celle de son clergé en Arménie ont jeté des milliers d’Arméniens dans les bras de sectes telles que les Témoins de Jéhovah et les Mormons.

15 – Il a défroqué au moins 160 archevêques, évêques, ecclésiastiques et diacres. Jamais, au cours des 1 700 ans d’histoire de l’Eglise arménienne, autant d’ecclésiastiques n’avaient été démis de leurs fonctions pour des motifs autres qu’hérétiques. Son « défroquage » en masse a été décrit comme « un règne de la terreur » et « un massacre spirituel de l’Eglise apostolique arménienne. » Conséquence de cette frénésie de défroquage, il a été critiqué par le patriarche d’Istanbul, Mesrop II Mutafian. Le patriarche lui fit remarquer – tandis qu’un éminent ecclésiastique était défroqué à la hussarde – que si l’accusation est claire et manifeste, « un conseil doit alors être réuni et l’accusé avoir la possibilité de se défendre. » Le patriarche l’accusa aussi d’interférer dans les affaires du Patriarcat d’Istanbul.

16 – Après avoir défroqué l’archevêque Tigrane Kiouréghian, du diocèse du Nouveau-Nakhitchévan, pour lui avoir soi-disant désobéi, le catholicos Karékine II installa son propre frère – un prêtre – comme primat.

17 – Afin de dissimuler sa médiocrité et ses aptitudes intellectuelles limitées, il éloignerait ses contemporains d’Etchmiadzine, aux dires d’un groupe d’Arméniens du Canada.

18 – Loin de condamner les récentes élections présidentielles, entachées de fraudes, il a accordé sa bénédiction lors de l’entrée en fonctions de Serge Sarkissian.

19 – Son attitude grossière et immature, lors de sa rencontre avec le catholicos Ilia II de Géorgie, a mis dans l’embarras l’Eglise arménienne, l’Arménie, ainsi que les Arméniens de Géorgie. Il ne représente donc pas dignement l’Eglise, ni la nation arménienne.

20 – Il commit un énième impair, dans le cadre de ses responsabilités œcuméniques, lorsqu’il traita les patriarcats de Jérusalem et d’Istanbul comme si ces augustes Lieux Saints constituaient des entités diocésaines mineures. Irrité, le patriarche Nourhan Manougian de Jérusalem a déclaré, au début de ce mois, qu’il ne se rendrait pas à un rassemblement de hauts dignitaires de l’Eglise, organisé prochainement par le catholicos. Tout comme le patriarche d’Istanbul, il a exprimé son mécontentement suite au limogeage précipité – et inexpliqué de la part du catholicos – de l’archevêque Norvan Zakarian, primat de longue date et très estimé des Arméniens de France.

21 – Lors d’un séjour à Jérusalem, il y a quelques années, le catholicos menaça ainsi d’éminents ecclésiastiques de la cathédrale Saint-Jacques : « Je vous dépouillerai de tous vos postes ! »

22 – En Europe de l’Ouest (la Suisse, par exemple), il a tenté de centraliser l’administration des diverses églises. La communauté arménienne de France a publiquement condamné son ingérence d’une main de fer dans l’administration interne du diocèse français.

23 – Il a apporté son soutien à un prêtre ayant commis un délit  (le Père Vatché Hairabédian) aux dépens de  l’archevêque Zakarian. Tandis que Hairabédian officiait comme pasteur de l’église arménienne à Nice, ses ouailles en appelèrent au catholicos pour qu’il limogeât cet ecclésiastique peu recommandable. Appels qui furent ignorés.

En 1 700 ans d’histoire, à au moins quinze reprises, des catholicos arméniens ont été limogés ou contraints de se démettre. Le premier à être déposé fut Kristapor II Apahouni en 630 ; le dernier, Yéprem [Ephraïm] Ier de Dzoraguègh en 1830. Nous ignorons si chacune des grotesques accusations portées contre le catholicos Karékine II sont justifiées, mais si ne fût-ce que 10 % de ces allégations étaient fondées, alors le catholicos de tous les Arméniens n’a d’autre choix que se démettre. Plus cette plaie suppurera, pire ce sera pour l’Eglise et la nation. Quant aux « bien-pensants » pour qui nous ne devrions pas parler [« dzamots tartsank » en arménien] de ces accusations, au motif que nous ferions le jeu de nos ennemis, nous leur disons que l’époque n’est plus où l’on cachait la vérité. Le roi est nu. Comment l’Eglise pourrait-elle survivre, si de telles accusations pèsent sur la tête de son chef suprême ? Aussi bien, garder le silence contribuerait à coup sûr à rendre l’Eglise et son clergé vains.

Fût-ce dans les circonstances les meilleures, nous ne pouvons nous permettre un catholicos indigne. Etant donné que la nation arménienne traverse des temps précaires et troublés, nous ne pouvons souffrir un catholicos qui a perdu sa boussole morale et n’est pas à sa place sur le trône d’Etchmiadzine. Les défis existentiels qui se présentent à nous ne laissent aucune place à un catholicos qui, au dire de ses accusateurs, se comporte tel un moderne Rodrigo Borgia (le pape Alexandre VI).

La nation attend du catholicos Karékine II qu’il réponde à ces accusations.

*

Editorial de Geghart.com, avec l’autorisation de l’auteur : Dikran Abrahamian

Source : http://www.keghart.com/Editorial-Catholicos

*

Le choix de l’illustration est celui d’ECRITTERATURES

2 août 2013

Sauve qui peut ! L’Arménie pue…

Filed under: APPEL à DIFFUSER — denisdonikian @ 1:00
Tags:

DSC00612

Sur RFi, émission concernant l’émigration des Arméniens. 

Propulsé par WordPress.com.