Ecrittératures

26 février 2015

1915, mon amour…

Filed under: GENOCIDE ARMENIEN — denisdonikian @ 5:29

rossia Départ des Arméniens en 1947 sur le Rossia.

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I

Je suis né dans le mal de mes parents. Mais ils furent heureux de m’avoir. J’étais pour eux le signe que la vie était redevenue possible. Même si oublier ne l’était pas. La mémoire ne s’oublie pas facilement quand la haine massive et la peur permanente vous obligent à l’exil. C’est dans ce poids et cette légèreté que je suis né. D’abord, je ne m’en suis pas rendu compte. Les cinq premières années de ma vie, je n’étais qu’une page blanche sur laquelle les choses de la famille commençaient à s’imprimer à mon insu. Mon cerveau s’imprégnait d’images et de sons venus d’ailleurs. Et surtout de rupture brutale, d’arrachement et maintenant de nostalgie. Ma mère écoutait des musiques de cet ailleurs qui bercèrent son enfance, elle se rendait heureuse. Elle collait l’oreille à la radio en disant qu’elle aimait ça, même si le peuple de cette musique lui avait tout pris. Entre eux, mes parents parlaient une langue, c’était leur monde. Mais au-dehors, ils en baragouinaient une autre, celle de leur monde nouveau. C’est sans doute dans ce temps-là qu’a surgi chez moi la conscience d’un deuil et d’une dualité. J’étais l’histoire d’un paradis perdu et d’une transplantation dans un pays qui en étant le mien par la naissance me montrait que j’étais d’un autre. Mais aussi que j’étais un autre avec une autre naissance. A l’école communale, on nous traitait de sales Arméniens. Ceux qui osaient étaient attendus dans un petit chemin bordé d’une rivière et de glycines sauvages. En leur donnant des coups, nous affirmions notre identité. Chaque fin de semaine, le maître distribuait les livres de la bibliothèque. Je lisais dans la langue d’un monde qui n’était pas celui de ma famille. Mais la langue de ce monde nouveau où on me faisait vivre. J’ignorais alors que mes lectures m’éloignaient de quelque chose. Et puis, à cinq ans, j’ai connu l’arrachement dans ma chair quand est parti mon ami de jeu pour un pays qui était comme le nôtre et que personne ne connaissait. Autour de moi, c’était comme ça, partout des âmes déchirées qui cherchaient un lieu où être enfin. Certains qui voulaient en finir avec ces errances choisissaient l’Amérique, pour prendre racine dans un pays de la plus haute liberté et qui serait le plus éloigné possible de la grande haine.

Métaphorisme 39

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 1:28

GRAPHISMES    039   0,32m X 0,50m Encre acrylique sur papier Montval Canson

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Celui qui a créé l’homme ne peut être qu’un Dieu,

celui qui a volé l’homme ne peut être qu’un homme.

( Graphisme d’Alain Barsamian)

25 février 2015

Métaphorisme 38

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 11:24

Dessins retouchés     017

                       

     Chaque homme est la somme de ses images.

( dessin d’Alain Barsamian)

24 février 2015

Métaphorisme 37

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 9:13

Dessins retouchés     042

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Il y a des peuples mystiques. D’autres qui ne sont qu’historiques.

Certains ayant perdu leur âme dans l’histoire.

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(Dessin retouché d’Alain Barsamian)

23 février 2015

Métaphorisme 36

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 3:06

PEINTURE   034    0,50m X 1m  peinture acrylique sur bois

L’agité ne croit qu’au mouvement.

Mais celui qui se libère du temps sait ce que vaut l’agitation.

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( Peinture d’Alain Barsamian)

22 février 2015

Métaphorisme 35

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 5:51

PEINTURE   045   0,33m X 0,55m  peinture acrylique sur bois

Donner à la conscience la possibilité de jouir de sa présence par son effacement.

( Peinture d’Alain Barsamian)

19 février 2015

L’année 1915, malédiction turque

Filed under: Uncategorized — denisdonikian @ 1:42

cengiz

de Cengiz Aktar

La Turquie se désintègre de l’intérieur sous les coups incessants de l’homme fort, l’omnipotent monsieur Erdogan. Chaque jour apporte son lot de déconvenues et de mauvaises nouvelles touchant pratiquement à tous les aspects de la vie d’une société. Comment la Turquie, pays phare de la région il n’y a pas longtemps, a pu finir ainsi ? Sommes-nous frappés d’une malédiction couplée d’un mensonge centenaire. C’est peut-être l’imprécation de femmes et d’hommes privés de cercueil et de prière, de ces Arméniens sans arme qui ont péri sur leurs terres. Il s’agit peut-être d’interminables tempêtes dans nos âmes, lancées par leurs fantômes qui planent depuis cent ans dans notre ciel, escortées par ceux des Grecs et Syriaques et plus tard des Alévis et Kurdes, de tous nos concitoyens qu’un sombre destin a foudroyés.

Les massacres restés impunis, il y a un siècle, sont peut-être payés par les descendants que nous sommes. Toute cette malédiction à cause de vies volées, de foyers ravagés, d’églises désacralisées, de biens confisqués, d’écoles dessaisies. Sommes-nous en train d’acquitter ces injustices aussi grandes que les montagnes de l’Anatolie ? Ce grand règlement se fait-il par le biais d’une immoralité générale ? C’est comme si notre société était en train de pourrir depuis un siècle, dégoulinante de pus et d’arrogance.

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16 février 2015

Métaphorisme 34

Filed under: APHORISMES — denisdonikian @ 7:48

12

Que veulent dire les vagues que je n’entends pas ?

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(Collage d’Alain Barsamian)

11 février 2015

1,1 million

Filed under: CHRONIQUES à CONTRE-CHANT — denisdonikian @ 9:15

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En vérité, en vérité je vous le dis

Le Christ n’avait  pas de compte à HSBC

 Le Bouddha ? Pas de compte non plus à HSBC

Ni Socrate, il n’aurait pas ouvert de compte à HSBC

Krikor Loussavoritch non plus, pas de compte à HSBC

Sainte Hripsimé n’aurait même pas songé à avoir un  compte à HSBC

Quant à Grégoire de Narek, c’est sûr il n’en avait pas de compte à HSBC

Saint Vincent de Paul n’aurait pas même cherché à en avoir un  à HSBC

Hovannès Toumanian n’aurait même pas rêvé d’un compte à HSBC

 Komitas non plus n’avait  pas de compte à HSBC

Ni Mère Theresa,  pas de compte à HSBC

Ni l’abbé Pierre pas de compte non plus à HSBC

La Pape François, aucun compte à HSBC

Le Dalaï Lama lui non plus, pas de compte à HSBC

Et le pauvre Guiragos de Gumri n’a même  pas de quoi  ouvrir un compte à HSBC

Mais le catholicos Karékine II, lui, a un compte à HSBC

Et c’est pourquoi je suis fier d’être arménien

10 février 2015

Je suis 1,1 million de dollars

Filed under: CHRONIQUES à CONTRE-CHANT — denisdonikian @ 9:40

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Il y a des nuits comme des enfers. Les aubes des 9 et 10 février 2015 auront probablement été redoutables pour le locataire d’Etchmiadzine. Une fois de plus, le peuple arménien allait se réveiller dans la honte à cause de lui. La presse internationale venait d’accoler son effigie à 1,1 million de dollars caché dans la banque suisse HSBC sur un compte au nom de « Sa Sainteté Karékine II Nersis ». De la sorte, jamais le mot Sainteté n’aura sonné de manière aussi ironique. Brutalement les artificiers de l’Église Apostolique arménienne nous auront fait sauter au visage ses fastes désuets, ses liturgies creuses, sa politique matérialiste, ses dessous nauséabonds. En un mot,  le grand abîme qui la sépare du peuple arménien tandis qu’il a besoin aujourd’hui plus que jamais d’avoir foi en lui-même et en ses institutions. Après un président qui entretient la pauvreté en Arménie, un catholicos qui entretient sa richesse en Suisse.

Bien sûr, l’accusation est forte. Mais à accusation forte, justification forcément stupide. Ce 1,1 million de dollars au nom de Karékine II serait, selon ses dires, destiné aux œuvres de bienfaisance. Les Arméniens qui vivent dans la plus grande précarité, dans le froid, la saleté, la misère peuvent se réjouir de savoir que ce 1,1 million de dollars qui dort dans une banque douteuse suisse, bien au chaud sur un matelas confortable, travaille pour eux. Cela les rassure. La soupe aux pommes de terre devient tout à coup meilleure, le froid plus chaleureux, la boue moins collante. Après l’ironique sainteté, l’ironique bienfaisance. En réalité, ce 1,1 million de dollars au nom de Karékine II est un crime. Un crime de lèse-arménité, un crime moral doublé d’un crime spirituel. De ces crimes que les criminels ont du mal à reconnaître quand bien même les accuserait le flagrant délit. C’est que, comme nous le disions par ailleurs : « Les Arméniens réclament des Turcs qu’ils reconnaissent leur Grand Crime sans pour autant reconnaître les petits crimes commis entre eux ».

Certes, on nous objectera que l’Église Arménienne a tout à fait le droit de posséder une trésorerie pour assurer son fonctionnement. Mais tout Arménien est en devoir de s’interroger. Pourquoi ce compte au seul nom de Karékine II ? Est-ce que le terme de Sainteté aurait un contenu juridique qui impliquerait que Karékine II soit le représentant légal de l’Église arménienne ? A quelle personne physique ou morale a affaire le banquier dans ses transactions sur ce compte, à la Sainteté ou à la personne de Karékine II Nersis ? Si la tradition veut que les comptes de l’Église soient au nom du catholicos, que dirions-nous si le budget de la république d’Arménie était, par tradition, transmis de président en président, et au nom de l’actuel Serge Sarkissian ? Et pourquoi une banque suisse ? N’y-t-il pas aujourd’hui des banques en Arménie pour garantir les avoirs de l’Église arménienne ? Et pourquoi ce compte caché ? Est-ce à dire que Karékine II n’aurait aucun compte à rendre à la nation arménienne ? Et qu’il aurait quelque chose à cacher ? Pas au fisc arménien puisque l’Église de tous les Arméniens serait exemptée d’impôts. Dès lors à quoi servirait de l’accabler ? Sa générosité envers les plus démunis de ces Arméniens est tellement manifeste. Elle donne assez pour qu’on la mette à l’abri d’impôts supplémentaires que Serge Sarkissian pourrait destiner à la politique sociale du pays.

Maintenant le résultat est là. L’image de Karékine II côtoie celles de nombreux fraudeurs ou de personnages à l’argent sale. Il est vrai que cet affichage sur Internet ne fait pas honneur à la nation arménienne. Ni à l’Arménie. Laquelle arrive au 146ème des pays ayant des comptes dissimulés dans la Banque suisse pour une somme globale de 15,4 millions de dollars. De ses 21 clients ayant ouvert un compte entre 1989 à 2006, le meilleur y aurait déposé la somme de 5,8 millions de dollars. Pendant ce temps, la diaspora joue au téléthon. Les Arméniens de la diaspora sont de généreux patriotes. Même les retraités donnent. Sans trop savoir pour qui ni pour quoi. Qui sait d’ailleurs si ce n’est pas pour soutenir la prospérité de HSBC ? Si la pauvreté prospère en Arménie, pendant que la Suisse s’enrichit, c’est bien grâce à la diaspora arménienne, non ?

Denis Donikian

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