Ecrittératures

6 Mai 2024

Lire ou relire : « Paroles d’enfants arméniens 1915-1922 »

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1 – Les témoignages d’enfants arméniens rescapés du génocide (Gallimard, 2021, traduction de l’italien par Silvia Guzzi), qu’a recueillis Sonya Orfalian, « sont des voix d’une autre époque, fragmentées, qui ensemble recontruisent des récits tragiques ».  Selon le préfacier Joël Kotek, spécialiste de la Shoah, ce « livre d’effroi »exprime la « radicalité génocidaire » dans la mesure où l’enfant représente « l’ennemi incarné », comme le proclamèrent Salih Zéki, le mutassarif de Deir Ez Zor, mais aussi le général Von Trotha à propos des Hereros en 1904, Himmler à l’égard des juifs, et Léon Mugesera en 1992 dans son appel à massacrer tous les Tutsi Inyenzi. Tandis qu’Yves Ternon retrace le contexte historique de ces évocations, Gérard Chaliand montre que, malgré le déni turc actuel, le génocide arménien commence enfin à sortir « des oubliettes de l’Histoire ».

2 – Ces 36 récits, mis en chapitres selon les 36 lettres de l’alphabet arménien, forment une suite de remémorations, utilisant un présent narratif actualisant les cruautés subies par l’enfant victime et témoin. Ici, la mémoire à l’état brutparle de brutalités, concentrée sur les catastrophes d’une vie innocente aux prises avec les affres de l’extermination.  Si ces mots de Mariam : « Il n’y a que la faim et la soif », sont le filigrane de ces tragédies, ils rappellent l’animalité à laquelle les corps étaient réduits. Les terreurs sont évoquées comme un enchaînement de banalités : « Maintenant mon père va mal, très mal. /Il meurt. / Il est mort. / Mort. » (Lusine), « Aujourd’hui on me marie. / Je mets au monde une garçon. / Mon fils ressemble à son père. Ils l’ont appelé Sélim, mais au fond moi je l’appelle Kévork en souvenir de mon père. » (Archalouïs).

3 – Le propre d’un génocide étant d’effacer l’identité de l’Autre, le bourreau n’hésite pas à s’en prendre non seulement aux bébés : « Ils les clouent sur les branches », mais aussi à la mémoire de l’enfant : « …ils nous apprennent à oublier qui nous sommes » (Hovsep), « Je ne sais pas si je suis apatride ni ce que je suis. » (Dikran). Il pratique le viol : « Ces barbares enlèvent les filles. (…) Les hommes rient et les violent devant tout le monde », pousse au suicide et la mère à l’infanticide : « Maintenant je vois les mères qui font boire du poison à leur bébé avant d’avaler elles aussi la dernière dose » (Nevarte), « Ils obligent une mère à manger la chair de sa fille » (Sona).

4 – Dans un contexte de déshumanisation généralisée, l’esclavagisme fait de l’enfant une bête ou une marchandise : « Il dit que si je l’épouse je serai libre. /Je réfléchis, libre de quoi ?», « Il y a d’autres Arméniennes en vente comme moi » (Silva). Ici ou là, si quelques rares « justes » sauvent des enfants de l’extrême détresse, d’autres gens les soignent pour les vendre ou les livrent aux autorités pour éviter de contrevenir, sous peine de mort, à l’interdiction de secourir tout Arménien.

5 – En faisant l’expérience d’un monde fourmillant de prédateurs(Turcs, Kurdes, tchétés, zaptiés, muhadjirs) les enfants sont jetés dans les violences d’un conflit ethnique dont ils comprennent assez vite les enjeux : « Il était arménien, c’était ça son péché » (Aram), « L’exode forcé est une malédiction qui n’en finit plus, quand on sait qu’on ne pourra jamais plus rentrer chez soi. »(Eva). Certains participeront aux actes de résistance collective comme à Urfa (Hovsep) ou à Musa Ler (Aléksan) ou finiront dans des orphelinats.

3 Mai 2024

Lire et relire : Au nom de tous les miens, pardon Monsieur Erdogan ! (1)

Filed under: ARTICLES,GENOCIDE ARMENIEN — denisdonikian @ 6:56

Piqûre de rappel

Affiché sur Yevrobatis.org le 15 avril 2005

 » Il appartient aux Arméniens de faire 
des excuses à la Turquie suite à leurs allégations erronées 
de génocide pendant la première guerre mondiale.  » 
a déclaré lundi 11 avril 2005, M. Recep Tayyip Erdogan, au cours de sa visite officielle en Norvège.
*
Ces enfants arméniens qu’on enterra vivants pas centaines remuent encore sous la terre autour de Diarbékir pour vous demander pardon. Ces déportés torturés par la soif que vos gendarmes attachaient face aux rivières ou promenaient le long des fleuves en leur défendant d’approcher ne sauraient faire moins eux aussi que d’implorer votre grâce. Au nom de ceux qui se sont jetés dans les flots pour s’y noyer en apaisant leur soif ou de ceux qu’on fit boire aux rivières souillées par des cadavres arméniens, je vous demande pardon.  » Pardon !  » auraient dit ces enfants arméniens, sans père ni mère, qu’on vendait pour deux médjidiés, soit 1,20 euro, sur les marchés d’Istanbul, capitale ottomane. Ces filles qu’on passait aux soldats vous demandent elles aussi pardon d’avoir été violées ou d’avoir peuplé les harems de vos pères. On aurait pu aussi exiger de Madame Terzibachian d’Erzeroum de vous demander pardon pour avoir témoigné au procès Tehlirian en racontant comment à Malatia les femmes virent leurs époux tués à coups de hache avant d’être poussés dans l’eau et comment leurs bourreaux vinrent choisir les plus belles, transperçant de leur baïonnette celles qui s’y refusaient. Mais Madame Terzibachian n’étant probablement plus de ce monde, je vous demande pardon à sa place d’avoir porté l’accusation contre le soldat qui trancha la tête de son propre frère sous les yeux de sa mère aussitôt foudroyée, et qui jeta son enfant pour la seule raison qu’elle le repoussait. Pardon de vous avoir offensé au nom des Arméniennes de Mardin dont on déshonora les cadavres encore frais. Les Arméniens qu’on jeta par centaines dans les gorges du lac de Goeljuk, non loin de Kharpout, selon ce que le consul américain nous en a rapporté, s’excusent par ma bouche d’avoir porté atteinte à votre honneur que leur mort accuse les Turcs de les avoir acculés dans une nasse avant de les égorger. Je vous fais grâce de ces restes humains qu’on dépouilla de tout, de leurs maisons, de leurs biens, de leurs vêtements, de leurs enfants, et ces enfants de leurs propres parents, de leur innocence, de leur virginité, de leur religion, de l’eau qu’on boit quand on a soif, du pain quand on a faim, de leur vie autant que de leur mort, de leur paysage familier et de la terre de leurs ancêtres… De tous ces gens me voici le porte-parole, ils parlent en moi, je les entends agoniser dans mon propre corps, pour vous demander pardon d’avoir existé, pardon d’avoir été trompés, turcisés, torturés, ferrés comme des chevaux, violés, égorgés, éviscérés, démembrés, dépecés, brûlés vifs, noyés en pleine mer, asphyxiés, pour tout dire déshumanisés… Car vous n’êtes en rien responsable des malheurs absolus que vos frères inhumains firent subir aux nôtres, frères humains trahis dans leur humanité. Non, l’histoire de vos pères n’est pas votre histoire. L’histoire de la Turquie ne naît pas sur ces champs de cadavres arméniens. Et pourquoi donc supporteriez-vous les péchés de vos pères ? Qui oserait vous faire croire que ces maisons désertées par les Arméniens ont été aussitôt habitées par les vôtres ? Que des villages entiers, vidés de leurs habitants naturels, ont été occupés par les vôtres, au nom d’une légitimité illégitime ? Que la ville de Bursa comptait 77 000 Arméniens durant la période ottomane, plus que deux au premier recensement ? Que les richesses de ces Arméniens pourchassés, déportés, anéantis aient nourri ces prédateurs qui furent d’une génération dont vous ne fûtes nullement engendré, Monsieur Erdogan. Il faut que les Arméniens s’excusent d’avoir été là où vous n’étiez pas encore. Qu’ils s’excusent d’avoir proclamé depuis 90 ans, d’une manière ou d’une autre, par des livres ou de vive voix, par leur mort sur les chemins du désert ou leur vie dispersée aux quatre coins du monde, que le génocide arménien est et sera toujours le fond noir de l’identité turque.

avril 2005

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23 avril 2024

Մի ցեղասպանությունից մյուսը

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 7:21

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« Անձը, ով մեկ ուրիշին զրկում է ազատությունից,

զոհ է ատելության,

նախապաշարմունքի և նեղմտության»։

                                                                      Նելսոն Մանդելա

*

Կյանքը հեռու չէ տարամտությունից։ Փաստը չի սպառում երևույթը։ 1915 թվականի ցեղասպանությունը բավարար չէ ցեղասպանություն կոչվելու համար։ Դիվայինները միշտ առաջ են միամիտներից, որոնք չեն էլ հասցնում շրջվել, մինչ ծանոթ սարսափն արդեն իսկ վերսկսվում է անասելի կեպով։

1915 թվականի դեպքերից ավելի քան հարյուր տարի անց յուրաքանչյուր հայ ֆիզիկապես, ինչպես նաև պատմությամբ գիտի, որ շարունակում է մնալ իրեն հետապնդող գիշատիչների թիրախը։ Մի ցեղասպանության ավարտը երբեք չի հագեցնում ցեղասպանություն գործողների քաղցը։

Այնժամ, երբ ողջ աշխարհում պետք է նշվեն հիշատակման միջոցառումներ, չեն դադարում աճել զոհերի որդիների ու դուստրերի պահանջը իրողության ճշգրիտ ճանաչման հարցում։ Դրանով խստանում է դահիճների որդիների և դուստրերի ատելությունն, ու մթագնում է վերջիններիս խլությունը։

Ցեղասպանության փոխակերպումները փոփոխվում են տարբեր կերպերով «տեսանելիի» և թաքնվածի միջև։ Ֆիզիկական ցեղասպանությունը չպետք է քողարկի խորհրդանշական ցեղասպանությունը։ Զանգվածային ցեղասպանությունները նոր ուղիներ են գտնում առանձնացված ցեղասպանությունների հետ։ Որակական ցեղասպանությունները դասվում են քանակական ցեղասպանությունների հետ նույն շարքին, այն է՝ ունեցվածքի, կրոնական հետքի, ինչպես նաև այնպիսի կենդանի անձանց կործանումը, որոնք իրենց գործերով, մտքերով ու ազգությամբ խորհրդանշում են ողջ մի ժողովուրդ։

Լսելով, թե ինչպես է Արգենտինացի փաստաբան, իրավաբանական գիտությունների դոկտոր և միջազգային քրեական դատարանի նախկին դատախազ Լուի Մոռենո Օքամպոն պնդում, որ Արցախում կատարված վերջին իրադարձությունները որակվում են որպես ցեղասպանություն՝ հաստատում է այն, ինչ մենք պնդում ենք, այն է՝ ցեղասպանությունը շարունակ կատարվում է՝ ընդունելով քողարկիչ տեսք, որոնք շփոթեցնում են անծանոթներին և ցեղասպանություն գործողներին ժամանակ են տալիս իրենց մտացածը վերածել գործողության։

Այս իմաստով Ռուբեն Վարդանյանի հացադուլը կոչ է բոլոր հայերին, ովքեր պատրաստվում են հիշել 1915 թվականի ցեղասպանությունը։ Ալիևի զնդանում մահանալու իր որոշմամբ նա ցույց է տալիս հայերին և իրավունքի ու ազատության հարցերով մտահոգ ազգերին, որ ցեղասպանությունն այստեղ է՝ էթնիկական ատելության զոհ դարձած իր բոլոր բանտարկյալ եղբայրների կրած նվաստացումներում, որն ընդհանրապես որևէ կապ չունի արդարության փաստի հետ։ Խոսքը գնում է ազգային խորհրդանիշը նույն կերպով բնաջնջելու մտադրության մասին, ինչպես եղավ Ջուղայի գերեզմանատան դեպքում։

Քանզի վրիժառու Ալիևի աչքերին Ռուբեն Վարդանյանը ոչ այլ ինչ է, քան խորհրդանիշ, որ անհրաժեշտ է վերածել «իր»-ի՝ անգամ խլելով նրա կյանքը օրինական կամ բնական այն միջոցներով, որոնք թույլ կտան քողարկել մարդասպանությունը։

Անկեղծ ասած Ալիևի համար Ռուբեն Վարդանյանն այն խորհրդանիշն է, որ պետք է վերացնել նույն կերպ, ինչպես Պուտինն արեց Ալեքսեյ Նավալնիի հետ։ Բոլոր բռնակալները նույն շահն են հետապնդում։

Պետք է նշել, որ եթե «1915 թվականը հիշատակողներն իրենց պարտքն են համարում հարգել մահացածների և նահատակների հիշատակը, ապա պետք է ավելի բարձր աղաղակեն այն անմեղների հարգանքի համար, որ այսօր ավելի քան երբևէ ողջ են, ավելի քան երբևէ վտանգված են։

Նրանց պարտքն է բարձրաձայնել, որ Ռուբեն Վարդանյանի դեպքով, որին ավելանում է բոլոր բանտարկյալների՝ Արցախի քաղաքական անձանց կամ հասարակ քաղաքացիների դեպքը, հենց ցեղասպանությունն է ուրվագծվում այն պարզ պատճառով, որ վերջիններս հայ են։

Ուրեմն անհրաժեշտ է, որ Ֆրանսիայի և այլուր յուրաքանչյուր քաղաքում հիշատակումները նշեն Ռուբեն Վարդանյանի անունը՝ ասելու, որ նրա դեպքը պատկանում է Հայաստանի և Սփյուռքի յուրաքանչյուր հային։

Առանց դրա այս հիշատակումները կլինեն լոկ ևս մի հաճոյություն ողբերգական անցյալի նկատմամբ, ոչ թե ավելի վստահելի և ավելի առողջ աշխարհի համար պայքար։

Դընի Դոնիկյան

Թարգմանությունը Տաթևիկ Թանգյանի

21 avril 2024

D’UN GENOCIDE L’AUTRE…

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 7:45

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(collage et texte de D. Donikian)

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« Un homme qui prive un autre homme de sa liberté

est prisonnier de la haine,

des préjugés et de l’étroitesse d’esprit »

(Nelson Mandela)

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La vie n’est pas à un paradoxe près. Un fait n’épuise pas un phénomène. Le génocide de 1915 ne suffit pas à dire le génocide. Les diaboliques ont toujours une longueur d’avance sur les naïfs, lesquels n’ont pas même le temps de se retourner que déjà l’horreur connue s’est renouvelée sous des formes inédites.

Plus de cent ans après les événements de 1915, chaque Arménien sait dans sa chair comme dans son histoire qu’il reste la cible de ses prédateurs obsessionnels. La fin d’un génocide ne satisfait jamais la faim des génocideurs.

À l’heure où doivent se célébrer partout dans le monde les commémorations, ne cessent de croître les revendications des filles et fils de victimes pour une juste reconnaissance des faits. Autant que s’endurcissent les haines et que s’obscurcissent les surdités des filles et fils des bourreaux.

Les avatars du génocide se déclinent de plusieurs façons. Entre celles qu’on « voit » et celles qui se cachent. Le génocide physique ne doit pas occulter les génocides symboliques. Les génocides de masse trouvent de nouvelles voies avec les génocides singularisés. Les génocides qualitatifs sont à mettre sur le même rang que les génocides quantitatifs, à savoir la destruction du patrimoine, des vestiges religieux, mais aussi des personnalités vivantes qui symbolisent un peuple dans leurs actes, leurs pensées, leur nationalité.

Entendre Luis Moreno Ocampo, avocat argentin, docteur en droit et ancien procureur de la Cour pénale internationale, affirmer que les récents événements en Artsakh sont à qualifier de génocide, nous donne la mesure de ce que nous confirmons, à savoir qu’un génocide se reproduit sans cesse en adoptant des tenues de camouflage qui laissent pantois les non-initiés et qui donnent le temps aux génocideurs de traduire leur intention en acte.

En ce sens, la grève de la faim entamée par Ruben Vardanyan est un appel à tous les Arméniens qui s’apprêtent à commémorer le génocide de 1915. Par sa décision de se laisser mourir dans les geôles d’Aliyev, il dit aux Arméniens et aux nations soucieuses du droit et des libertés, que le génocide est là, dans les humiliations subies par tous ses frères prisonniers à la merci d’une haine ethnique n’ayant rien à voir avec un fait de justice. Il s’agit d’une intention d’éradiquer un symbole national de la même manière que fut effacé le cimetière de Djoulfa.

Car Ruben Vardanyan, aux yeux du vindicatif Aliyev, n’est rien d’autre qu’un symbole qu’il lui faut effacer en le réduisant à une « chose », quitte à lui ôter la vie par des moyens légaux ou naturels propres à dissimuler le meurtre.

Au vrai, pour Aliyev, Ruben Vardanyan est le symbole à abattre de la même manière que le fut Alexeï Navalny pour Poutine. Les despotes mangent au même râtelier.

C’est dire que si les « commémorationnistes de 1915» se font un devoir de respecter un passé de mort et de meurtres, ils ont aussi à crier haut et fort pour le respect des innocents plus vivants aujourd’hui que jamais, plus dangereusement menacés que jamais.

Ils ont un devoir de dire haut et fort qu’avec le cas de Ruben Vardanyan, auquel s’ajoute celui de tous les prisonniers, personnalités politiques ou simples citoyens de l’Artsakh, c’est le génocide qui continue à croquer des hommes pour le simple fait qu’ils sont arméniens.

Dès lors, il convient que chaque commémoration, dans chaque ville de France et d’ailleurs, mentionne le nom de Ruben Vardanyan, pour dire que son cas appartient à chaque Arménien d’Arménie et de la diaspora.

Sans quoi, ces commémorations ne seront qu’une complaisance de plus envers un passé tragique et non un combat pour un monde plus sûr et plus sain.

Denis Donikian

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FROM ONE GENOCIDE TO ANOTHER…

“A man who deprives another man of his freedom

is a prisoner of hatred, prejudices and narrow-mindedness”

(Nelson Mandela)

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Life is not close to a paradox. A fact does not exhaust a phenomenon. The 1915 genocide is not enough to say genocide. The diabolical are always one step ahead of the naive, who do not even have time to turn around when the known horror has already been renewed in new forms.

More than a hundred years after the events of 1915, every Armenian knows in their flesh as in their history that they remain the target of their obsessive predators. The end of a genocide never satisfies the hunger of the perpetrators of genocides.

At a time when commemorations must be celebrated all over the world, the demands of the daughters and sons of victims continue to grow for fair recognition of the facts. As much as the hatreds harden and the deafness of the daughters and sons of the executioners becomes obscured.

Hearing Luis Moreno Ocampo, Argentine lawyer, doctor of law and former prosecutor of the International Criminal Court, affirm that the recent events in Artsakh can be qualified as genocide, gives us the measure of what we are confirming, namely that a genocide reproduces constantly by adopting camouflage outfits which leave the uninitiated speechless and which give the genocides time to translate their intention into action.

In this sense, the hunger strike started by Ruben Vardanyan is a call to all Armenians who are preparing to commemorate the 1915 genocide. By his decision to let himself die in Aliiev’s jails, he is telling the Armenians and to nations concerned about law and freedoms, that the genocide is there, in the humiliations suffered by all its brothers prisoners at the mercy of ethnic hatred having nothing to do with an act of justice. This is an intention to eradicate a national symbol in the same way that the cemetery of Julfa was erased.

Vardanyan, in the eyes of the vindictive Aliiev, ​​is nothing other than a symbol that he must erase by reducing him to a “thing”, even if it means taking his life by legal or natural means appropriate to cover up the murder.

 In truth, for Aliiev, ​​Ruben Vardanyan is the symbol to be destroyed in the same way as Alexeï Navalny was for Putin. Despots eat from the same rack.

This means that if the “commemorationists of 1915” make it their duty to respect a past of death and murder, they also have to cry out loud and clear for respect for the innocent, more alive today than ever, more dangerously threatened.

 They have a duty to say loud and clear that with the case of Ruben Vardanyan, to which is added that of all the prisoners, political figures or simple citizens of Artsakh, it is the genocide which continues to take its toll on men for the simple fact that they are Armenian.

Therefore, it is appropriate that every commemoration, in every city in France and elsewhere, mention the name of Ruben Vardanyan, to say that his case belongs to every Armenian in Armenia and the diaspora.

Otherwise, these commemorations will be just one more complacency towards a tragic past and not a fight for a safer and healthier world.

Denis Donikian

10 mars 2024

Outre-mots. Outre-monde…

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 4:34

« La terre et autres poèmes »  de Yeriché Djergaian

 

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( L’harmattan, 2023, 76 p.,11€)

 

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« Les arbres parleront d’hier et le matin sans

lendemain rira de sa première gouttelette versée à la

postérité. »

 

*

En ce siècle de têtes molles, il faut de l’estomac pour oser produire ce qui sourd d’une tête folle perfusée de poésie. De poésie radicale, s’entend. De celle qui se saisit des mots pour dévoiler des insoupçonnés du monde en les poussant jusqu’à la fusion, de métaphore en métaphore, jusqu’à la confusion de tous les repères connus. Le fameux «  dérèglement de tous les sens ». À telle enseigne que ces mots ainsi montés semblent redorer le génie de la parole et pousser le regard intime vers des au-delàs éloignés du sensible le plus ordinaire. Au lecteur de suivre pareil dépaysement ou de s’en interdire. À ses risques et périls seront ses joies d’exploration. Mais assurément on est ici dans une audace telle que la réception ou non de ce qui est dit importe moins que la célébration laconique de l’inconnu, que la jouissance d’aller de dévoilement en dévoilement, de dévoiement en dévoiement, de dévouement en dévouement.

*

 

« Mettre à nu le muscle

     des rires

et absorber grains après grains

les ondes de la rue

   glorifiant ses barreaux. »

*

 

De fait, toute poésie qui recherche l’épure en réduisant au maximum le parti-pris historique n’en reste pas moins contaminée par le réel. Non que ce réel soit envahissant jusqu’à l’anecdotique mais présent autant que les mots sont chair et autant qu’ils permettent d’envolées hors la chair. Yériché Djergaian produit du chant : à sa manière le chant souterrain et souverain de sa tribu. Le titre : « La terre et autres poèmes » rappelle un ancrage de l’âme autant qu’un déchirement. Cette intime et infime douleur venue d’un crime qui ne cesse de répercuter ses effets de confusion et de malaise. (Avare de repères, l’auteur parsème son texte d’à peine quelques mots ou noms propres pour rappeler les éléments du sol qui ont donné son chant – comme shevi, kamantcha, Mouch, Ardahan, Anatolie, Van, azérie).   C’est ce qui laisse penser que la forme adoptée d’une incandescence couplée à un vieux silence paraît judicieuse. Dire autrement ces choses secrètes, d’une manière déclarée, eût été maladroit et impudique. C’est que dire ici est aussi explorer la face cachée d’une perdition autant que le noyau vivant d’une puissance poétique.

*

Le refus des EAUX

sorties des bouches brûlantes

peintes de poix et de cendres

*

 

Même si le sentiment qu’on en retire parfois est que ce type d’écriture vire au système par son absence de concession au reconnaissable et par sa passion du méconnaissable. Juxtaposition d’énigmes, litanies de devinettes, collier de perles… Cette impression titille la lecture et crée chez le lecteur des luttes de sens. Et pourtant c’est à ce prix qu’il faut entrer dans le texte, le respecter comme on doit respecter la volonté affirmée de l’auteur à poursuivre sa quête et son exploration.

*

– meurtrissure des certitudes

elle suffit indélébile

à la boueuse patience

à la magie des lumières

dont une brèche acharnée

rythme les pulsations

d’une geôle

*

 

Ici, les mots fomentent avec la complicité d’autres mots des alliances ouvertes sur l’inédit, l’improbable, l’illogique. Opération qui sature le mystère et suture les plaies de la raison. Curieux travail qui utilise le mot comme instrument du défini pour explorer sa charge d’infini au gré de ses potentialités indéfinies. Reste au lecteur de s’y tenir et de s’abstraire du monde connu, du discours convenu, s’il veut pénétrer dans l’antichambre de quelque chose qui ressemble au sacré, à savoir d’un univers qui fascine autant qu’il fait peur.

*

Ma lèvre colore

sa paraphrase

et la corde se tend

à l’orée des paroles échevelées

*

Vous l’aurez compris, Djergaian c’est de l’anti-Prévert. Le refus de l’anecdote, de la poésie qui se chante, de la poésie populaire. Ce n’est pas non plus du Saint-John Perse dont le propos est à la fois dans l’histoire et l’action humaine, même s’il s’en approche par certains accents subtils provoqués par l’extrême concision, par une écriture portée jusqu’à l’os. Ici, on est dans une profondeur verbale plus folle que celle de Mallarmé, plus au-delà d’un chaos couplé à une harmonie qu’avait fait exploser Rimbaud, car on est dans un monde tiré d’un moi traumatique vers les hauteurs d’une espèce de salut.

*

La chambre où le sang

ne chante que la soumission

aux règles des couleurs

*

 

Ainsi va la lecture poétique de la poésie. Qui ne veut pas inciter son lecteur à se dire : « Qu’est-ce que ça veut  dire ? », mais qui souhaite le mettre dans l’angoisse profonde que procure toute émancipation du rationnel, tant elle délivre du poids habituel des habitudes mentales. Écriture qui dégage des éclairs et vaut qu’on s’y perde pour ça.

 

C’est dire aussi que cette écriture-là fait le suicide de la poésie dans la mesure où elle ne se rapporte pas, ne se soumet à aucun compte-rendu et décourage tout journaliste, pressé par le temps, à donner à voir un texte qui s’échappe de tous côtés, reste insaisissable aux mots mêmes qui voudraient capter ce quelque chose qui se chante en nous comme lecteur. Seul, au temps où il œuvrait au Monde, le regretté Patrick Kéchichian parvenait à tenir une rubrique sur la poésie qui venait de paraître. Mais aujourd’hui, rien. Toutefois, la poésie survit encore à sa propre condamnation. Et c’est tout l’honneur des éditions L’Harmattan de permettre encore qu’un tel recueil puisse paraître.

*

Nous avons franchi les précieuses opacités

qui déploient leurs rides en salves d’argent

Des peuples étaient là dont on extirpait les grimaces

Et la dynamite du verbe

 

*

C’est que Yériché Djergaian reste fidèle à sa voix. À savoir qu’il n’a nulle leçon à donner, aucun souvenir à rendre, sinon à capter ces passages nuageux d’un moi effervescent, libres autant qu’éphémères au moment où l’écriture se fait brise, répand sa poussière ou délivre son parfum.

*

J’allais de sillons en pavés à la gloire de l’aphasie

de souvenirs rares en faisceaux de spectacle

pour les feux anachroniques d’une identique cervelle

Étranges facéties dont les retards dérangent

*

C’est ainsi qu’est la poésie quand on veut en respecter la voix. Toute de paradoxes et tellement qu’on ne les épuise pas. Elle peut se permettre des combinaisons audacieuses alors que la science doit se soumettre à des lois. Et si elle constitue une foi, c’est bien que la poésie consiste à croire que les choses incroyables sont crédibles. Poussée à ses extrêmes, comme le fait Djergaian, la poésie n’a de valeur que si elle reste incomprise. Le dictionnaire dit les mots de ce monde, la poésie dit les mots au-delà du monde.

 

*

 

X

Ma terre est l’amour

l’amour indivisible

ocre et pourpre

son goût est d’encens

tangible.

 

XI

Elle n’a plus de fées

à loger au cœur

des matrices blanches

Plus de craie pour fendre

les épées de bois

Plus de gravier pour joncher

les tapis

où s’étirent d’obscènes miracles.

*

 

Poésie mentale autant qu’expérimentale, assurément cette mise en abstraction des tragédies arméniennes passées et modernes est à l’antipode de l’étude historique ou du roman familial débité jusqu’à la nausée. Elle a le mérite de dire autrement la « Cause » et demande une lecture intime, intériorisée par la sourde lamentation que nourrit tout Arménien. Il faut, oui, se laisser faire par les mots, se livrer à eux sans raison, tant la raison a peu de place dans la déraison d’un massacre systématique contre des innocents.

 

Le dernier texte fait réflexion comme un miroir de tout ce qui a précédé. L’auteur livre sa « manière » et en éclaire le cheminement. Comme les clés du mystère qui nimbe sa poésie.

*

On se fait une idée de son écriture avec l’émergence

de sensations instantanées qui deviennent des réalités à

part entière. Comme la photo digne de retenue après

l’épreuve, elle apparaît au cœur d’un cheminement où

se déliaient des passions et convergeaient les

fluctuations insolites de l’observation.

 

*

Denis Donikian

22 février 2024

Devoir d’arménité, devoir d’humanité…

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 8:46

 

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L’article en arménien sur GRANISH, revue littéraire arménienne

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Texte original en français VOIR ICI

21 février 2024

Missak, de Didier Daeninckx


(N.B. Cet article date de 2009, année de parution du livre.)

Dans la série des livres que les Arméniens devraient s’empresser d’acheter pour le lire, l’offrir ou le récompenser, voici Missak, de Didier Daeninckx, tout chaud sorti du four aux éditions Perrin. Ce docuroman – c’est-à-dire ni document à proprement parler, ni roman à part entière, mais document déguisé en roman – s’appuie sur du fait, du vrai,  du certifié historique,  du fouillé sérieux entrelardé ici ou là d’éléments réels destinés à recréer le contexte des années cinquante à travers les films qu’on passait en salle, les crues de la Seine de l’hiver 1955, les bandes de jeunes aux idéaux piteusement hédonistiques et maints autres détails propices à réveiller une atmosphère. « Toute une époque… », comme dirait le Bernard Blier des tontons flingueurs. Le lecteur voudra donc bien me pardonner si je fais la part belle à l’Histoire aux dépens de l’art, celle-là primant sur celui-ci, probablement au grand bonheur de nos jurys annuels qui ont l’habitude d’honorer le passé mis en livre plutôt que ce phénomène trop improbable qu’est la chose esthétique. En ce sens, Didier Daeninckx ne pouvait pas adopter un autre style que celui d’un langage immédiatement accessible, qui passe sans détour de bouche à oreille, démocratique et quasi prolétarien, bien qu’on puisse faire du beau avec du simple comme le prouve Louis Aragon avec le fameux poème à Mélinée qui éclaire ce roman de temps à autre.

Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent

Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses

Quand tout sera fini plus tard en Erevan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline

Que la nature est belle et que le cœur me fend

La justice viendra sur nos pas triomphants

Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline.

Loin de moi l’idée de reprocher quoi que ce soit à Didier Daeninckx dont le livre ressemble à une véritable enquête policière portant sur un des moments clés de la résistance en France. Mais d’aucuns vont sûrement regretter que la rencontre avec le responsable de la bibliothèque Nubar dans ces années-là n’ait pas été l’occasion de le nommer, en l’occurrence Aram Andonian, un témoin de première main de ce génocide dont est issu Missak Manouchian. Ou que l’allusion à la garance ait passé sous silence le nom de Hohvannès Altounian dit Jean Alten. Que le grand poète national arménien Issahakian soit devenu Issakarian. Dommage aussi que la lettre de Manouchian à Mélinée datée du 21 février 1944 ne soit pas restituée dans son orthographe défectueuse ( voir Lettre de Manouchian à sa femme Mélinée ). C’eût été une manière de montrer que ces étrangers qui se sont battus contre l’ennemi allemand, s’ils ne maîtrisaient pas l’orthographe comme bien des Français de souche, avaient une conscience de la liberté qui impliquait le sacrifice absolu de leur personne.

Quelques jours avant l’inauguration d’une rue dédiée au nom du groupe Manouchian, Louis Dragère,  journaliste à L’Humanité, doit abandonner son enquête sur les bandes de jeunes organisées pour répondre à un ordre du parti communiste soucieux d’en savoir plus sur ces FTP-MOI qui auront été fusillés le 22 janvier 1944. Dragère a en mémoire la lettre écrite à Mélinée par son mari Missak, la veille de son exécution, lue deux ans plus tôt par Gérard Philippe. Cette lettre servira de point de départ à une enquête aux multiples rebondissements où l’anecdote se mêle à la grande histoire, où le sordide côtoie le combat pour l’idéal.  Dès lors Didier Daeninckx va construire son livre selon la technique de l’épluchage d’oignon, à savoir couche par couche, d’une découverte à une autre,  pour atteindre la personne qui aura « lâché » les noms et permis aux Brigades spéciales d’arrêter tout le groupe . Pour autant, plus Dragère avance, plus il est dans la confusion, les questions que se pose l’intrigué devenant le moteur de l’intrigue par la reconstitution, à distance dans le temps, des histoires clandestines ayant présidé à l’exécution de ces étrangers idéalistes qui en savaient trop sur le mépris et l’oppression.

Nul doute que ce livre réjouira les admirateurs de Missak Manouchian. Il le montre vivant. Athlète, poète, engagé dans la cause sociale, courant de ville en ville pour y faire des discours, homme sans travail mais non désœuvré, jamais à cours d’une révolte. Mais surtout Missak amoureux de Mélinée, tellement que celle-ci s’effraie d’une tête qu’elle juge débordante. Ou Missak fidèle en amitié jusqu’à l’aveuglement. Dans la lettre à Armène, sœur de Mélinée, écrite  juste après son ultime message, il mentionne un personnage trouble, son bras droit, qui aurait fui l’Arménie soviétique avant d’être recueilli par des amis trotskistes, Arménak Manoukian. Manouchian sait bien qu’il a été trahi mais veut mettre Manoukian à l’abri de tout soupçon : « Il faut penser aussi à la mémoire de Manoukian qui meurt aussi avec moi ».

Au fur et à mesure de l’enquête, le livre devient une galerie de portraits, des plus vifs aux plus ordinaires. Louis Aragon dans son moulin de Saint-Arnoult, André Vieuguet, secrétaire de Jacques Duclos,  Gabriel Vartarian qui évoquera les tribulations de Missak depuis Adiyaman, Stepan Hampartsoumian racontant l’histoire des émigrants vers l’Arménie soviétique,  Misha et Knar Aznavourian, les parents de qui l’on sait… À ce propos, Missak ayant dit de ce dernier en pleine ascension qu’il « sera l’honneur du peuple arménien, et une gloire pour la France», l’intéressé répondra à juste raison : «  C’est surtout lui qui est l’honneur du peuple arménien et la gloire de la France »… L’histoire jugera… Cette histoire que Dragère va rencontrer en la personne de Charles Tillon, dont l’idéalisme antifasciste n’aura pas l’heur de plaire au parti, alors soucieux de respecter le pacte germano-soviétique pour ne pas froisser le Petit père des peuples.

On voit par là que ce livre est une occasion de rendre hommage à ces hommes qui n’ont pas cédé sur leurs idéaux. L’un d’eux, Henri Krasucki, alias « Bertrand », permanent à la Fédération CGT, échappé des camps, est l’un des hommes clés de la résistance. Malheureusement, c’est dans ses rangs que se trouvera le maillon faible de la clandestinité, une certaine Katia, dont le nom aura été soufflé à Dragère par Charles Tillon. Celle qui aura trahi et aura jeté le groupe Manouchian dans les mains de ces Français qui auront livré d’autres Français à l’ennemi. Dans cette course à la vérité, Dragère-Daeninckx ne nous épargne rien, ni le nom de celui qui aura torturé Manouchian, ni la manière qu’il aura utilisée pour le faire.

À lire donc, et peut-être à confronter au film de Robert Guédiguian : « L’armée du crime ».

Lire également : «  »L’armée du crime » de Robert Guédiguian ou la légende au mépris de l’histoire ». Article du Monde du 15-16 novembre 3009

MISSAK de Didier Daeninckx, Editions Perrin, 2009. Prix : 16,90 euros

manouchian

Voir également trois photos inédites de l’exécution du groupe Manouchian : cliquer ICI

Lire également :

REVANCHE de la VERITE (1)

REVANCHE de la VERITE (2)

REVANCHE de la VERITE (3)

13 février 2024

Հայկականության պարտք․ Մարդկության պարտք

Filed under: APPEL à DIFFUSER,ARTICLES,GENOCIDE ARMENIEN — denisdonikian @ 8:40

 

Եթե թշնամիդ քեզ չդրդի իմաստության,

Քեզ կդրդի խորտակման։

Դընի Դոնիկյան

 

 

Երկիրը ժառանգում են, այնուհետև արժանանում դրան․․․ Հակառակ դեպքում այն հավերժ սգում է․․․ Հայերը սգում են, թեպետ դրան չեն արժանացել։ Ոմանք լացում են, ոմանք՝ խոսում։ Չէ՞ որ միայն դա է մնացել հայերին։ Խոսել պարզապես խոսելու համար։ Ղարաբաղը հանձնելուց հետո հուզական ցնցումը ոչ նրանց խոսելու ցանկությունը վերացրեց, ոչ արցունքները չորացրեց։ Միայն մի բան է մնում անելու՝ ասել, որ դեռ անելիք ունեն։ Եվ ուրեմն, շարունակ խոսե՞լ։

Ոմանք կասեն՝ իհարկե ոչ, հատկապես նրանք, ովքեր մնում են և դեռ անելիք ունեն։ Նրանք մշտապես կպայքարեն։ Ձեզ ոչնչացնում են, բայց դուք այլուր եք վերականգնվում։ Նրանք դա տոկունություն են անվանում։ Ես միանշանակ չեմ պարսավում նրանց վերականգնողական միտքը։ Հիացմունքի են արժանի այն թշվառները, որոնց ստորացրել են, բայց որոնք շարունակում են մագլցել իրենց վշտի լեռը՝ վտանգված ընկելու․․․ Ինչևէ, նրանք հայ ժողովրդի մրջյուններն են, որոնք վերակառուցում են իրենց բույնը, որ մարդկային անարդարությունը ոտքով քանդել է։ Եվ միայն Աստված գիտե, որքան հաճախակի հարվածներ է պատմությունը հասցրել հայերին, անգամ երբ դրան արժանի չէին։

Անկասկած։ Բայց արդյո՞ք վերականգնել նշանակում է միայն դիմադրել։ Արդյո՞ք նորոգիչ համերաշխությունը բավարար է սփոփելու անգամ այն պարագայում, երբ վերականգնումն անհնար է։ Խորքային ավերածությունը հաջորդում է պարտությանը։ Ուրեմն ժամանակը չէ՞ կրած անարգանքից անցնել թիրախավորված գրոհի։

Հայերի վրա իջած բարոյական ողբերգությունը նույնքան անարդար և հատկապես զազրելի է, որքան այն հանգամանքը, որ իրենց բազմադարյան հողերի վրա ապրելու վերջիններիս օրինական իրավունքը կոպտորեն խախտվել է մեկի կողմից, ում քաղաքական օրինականությունը հայտնի է որպես ակնհայտ խարդախություն։ Ի լրումն ստորությանը՝ հավելենք նաև անազնվությունը, որ Եվրոպական հանձնաժողովի նախագահ Ուրսուլա վոն դեր Լեյենի կողմից որակվել է որպես «հուսալի»՝ քաջ գիտակցելով, որ մեր սիրելի բռնապետը մեծ տաղանդ ունի մեղավոր հռչակել այն անմեղին, ով դժբախտաբար դարձել է իր զոհը։ Նա լավ գիտի, որ բռնությունը բանականությունից զուրկ մարդկանց վերջին միջոցն է։ 120 000 մարդկանց դեմ հայտնված գիշատիչ, մի ամբողջ երկրի, մոլորության մղձավանջի մեջ քարացած մի ամբողջ Սփյուռքի դեմ կանգնած ձեռնածու-խաբեբա։ Բայց հատկապես լկտի հանցախմբի խուլիգան, որ կանգնած է «միջազգային հարաբերությունների վայրագության» հիմքում (Լը Մոնդ, 2023թ․ սեպտեմբերի 11 առաջնորդող հոդված)։ Միջազգային իրավունքը ոտնահարող, և այդ ոտնահարումը կիրառվում է ոչ միայն հողի իրավունքի դեմ, այլև երջանիկ ապրելու դեմ այնտեղ, որտեղ միշտ ապրել ես։

Հետևաբար ոտնահարումը վերաբերում է ոչ միայն հայերին, որ պարտվել են իրենց ըմբոստ ոգին ցանկացած հավաքագրումից պաշտպանելու համար, այլև հենց ադրբեջանցիներին։ Նրանցից շատերն այնքան պարտված են, որ մնում են համոզված «ատելության գաղափարներին», որ իրենց «նախագահը» երկար ժամանակ և համբերատար ձևով ձգտել է հաստատել՝ խեղդելով նրանց ազատ կամքը։ Պատճառն այն է, որ ցանկացած բռնապետ ունի միայն մեկ գաղափարախոսական սկզբունք՝ յուրաքանչյուրի անձնական գիտակցությունը փոխարինել իրերի իր սեփական գիտակցությամբ։ Հետևաբար, որքան հալածյալն ընդունում է իր հալածանքը, այնքան հալածողն այն ավելի է սաստկացնում։ Այդ մարդն իրեն վեր է դասում մարդկանցից և օրենքներից, միջազգային ամեն բարոյականությունից, իրեն է վերագրում բոլոր իրավունքները, ինչպես օրինակ՝ վայրագության իրավունքը՝ լինելով ճշտի և արդարության, խելամտության ու պատկառանքի սկզբունքների հոսանքին հակառակ։ Մեկը, ով օգտագործում է մարդկանց մինչև մահ իր քմահաճույքներին ծառայեցնելու համար։ Իսկ դիմացը մի ամբողջ ժողովուրդ է, ում համար յուրաքանչյուր մարդ անհատ է՝ թանկ, միակն ու ինքնատիպ։ Հայերն են։ Անհեթեթ է, բայց դա նրանց հարստությունն է, նաև թուլությունը, մարդկայնության այդ ձևը տհաճություն է առաջացնում՝ առաջ քաշելով մոլեռանդության հասած արհամարհանքին միախառնված ցանկացած տեսակ։ Նույնիսկ եթե հայերի «մարդկայնությունը» (թեպետ նրանք սուրբ չեն)՝ անկախ նրանից՝ Հայաստանից են, թե Սփյուռքից, տեսանելի է այստեղ-այնտեղ կաշառակերության քողարկված կամ բացահայտ, կամ էլ արտաքսումի արարքներում, ինքնաբավարարման կամ ազգակենտրոնության մեջ, որ նրանց դնում են ամեն ինչից վեր։ Ինչպես կասեր Վովենարգը՝ «Հպարտությունը թույլերի մխիթարողն է»։ Այդքան ազգային ախտեր, որ մեզ քայքայում են ու հավանաբար ունեն ոչ աննշան դեր մեր փառասիրության վիժման մեջ։

Հայերի հանդեպ ինքնակալ Ալիևի տածած ատելությունն այնքան ցայտուն է, որ նա վախենում է, որ ժողովրդավար փորձությունն ի վերջո կպատի իր երկիրն ու իր երկրի մաս կազմող ազգերին հնարավորություն կտա երազելու։ Իրականում այդ ատելությունը միայն ստորակարգության զգացումի նշան է ինչպես մշակույթի, այնպես էլ քաղաքականության մեջ։ Ջանք չեն խնայում վերացնելու հուշարձանները, որոնք վկայությունն են իրական քաղաքակրթության, ինչպես փորձում են ցույց տալ ինքնակալության գերակայությունը հանրապետական սկզբունքների անկարողության նկատմամբ։

Կարելի է ասել՝ Հայաստանը, գտնվելով ուժեղ, բացարձակ միապետության ռեժիմի ներքո (Ռուսաստան, Ադրբեջան, Թուրքիա, Իրան), կարողանում է ամեն օր կրկին հորինել իր ժողովրդավարությունը, այնքան որ այս երկրերը, որտեղ իշխում է կամայականությունը, ամեն օր վախենում են, որ մարդկանց մտքերը չվարակվեն քաղաքական հավասարության պատրանքներով։ Քանի որ օտարերկրյա այլախոհների աչքերին Հայաստանը մնում է մարդկայնության մի կղզյակ, որտեղ կարելի է լավ ապրել, և որտեղ ազատ խոսելը դեռ հնարավոր է։ Որպես ապացույց բավական է միայն նշել այն բոլոր ռուսներին, ովքեր մերժում են պատերազմն ու ապաստան են գտել ավելի շուտ հայկական հողում, քան Թուրքիայում, Ադրբեջանում կամ Իրանում։ Հայաստանը գրավիչ երկիր է՝ ի տարբերություն թված մյուս երկրների, որոնք միայն վանում են։

Իրականում ժողովրդավարական սկզբունքները, որքան էլ անկայուն լինեն, անխուսափելիորեն տանջում են քաղաքացուն, ով էլ լինի և որտեղ էլ ապրի, կարծես արդարության և հավասարության ձգտումը թույլ կտար ունենալ հարաբերական մտավոր առողջություն, ինչպես նաև ներքին խաղաղություն։ Ուզեն, թե չուզեն՝ բռնապետներն այնքան արքաիկ են, որ իրենց անզսպությունն ի վերջո բացահայտում է իրենց թերություններն ու ազդարարում կտրուկ փոփոխություններ, որոնք մինչ այդ անտեսվել էին։ Կարելի է ասել և կանխասել, որ անիվը միշտ պտտվում է ժողովրդավարական գաղափարների շուրջ, և որ բռնապետական լուծի տակ գտնվող ժողովուրդները վաղ թե ուշ կունենան իրենց ճակատագրին միասին պատասխանատվություն կրելու երջանկությանը։ Պատճառն այն է, որ չկա որևէ ավելի անձնական, ավելի ուժեղ և ավելի «բնական» դավանանք ցանկացած դոգմատիկ կրոնից բացի, քան հույսը հասարակական արդարությանը, որ հարգում է յուրաքանչյուրի իրավունքներն ու համոզմունքները։ Քաջ գիտակցում են, որ հարկադրված կրոնը ոչ մի հնարավորություն չունի զարգանալու այն պահից ի վեր, որ չի ընդունում այն ընտրելու իրավունքը։ Դա ակնհայտ է Իրանում, որտեղ հոգնածությունն ըմբոստանում է, իսկ առաջադեմ հայացքներ ունեցողները ձգտում են ապրել հոգևորից տարբերվող արժեքներով։ Նույն հույսն է Ռուսաստանում, Թուրքայում, ժողովրդի մի հատվածի մոտ։

Այս ամենով պայմանավորված՝ Հայաստանի աշխարհագրական-քաղաքական իրավիճակը նրան կանգնեցնում է ամեն տեսակի վտանգի առջև, որոնք միտված են թուլացնելու, կայունությունը կորցնելու, անգամ հնարավորինս երկար ժամանակով անհետացնելու։ Որպես այդպիսին՝ այն դարձել է հազվագյուտ։ Կովկասի թանկարժեքն արժանի է լինել պահպանված, պաշտպանված, կայուն։ Կհարցնեք՝ ու՞մ կողմից։ Նախ հենց հայերի՝ անկախ նրանից, թե որտեղ են։ Այս կամ այն երկրից մարդկային կամ այլ ֆիզիկական օգնություն խնդրելու փոխարեն, որոնք կհասնեն միայն ձևի համար, հայերը պետք է արժանանան իրենց երկրին։ Եթե կա դաս, որ պետք է քաղել այս վերջին տարիների պարտությունից ու ստորացումից, միայն հայ հասարակության վերափոխումն է, եթե իհարկե Սփյուռքն ունի ինքնապաշտպանության և համախմբման գաղափար։ Չ՞է որ միայն իրենց տարածքի և ժողովրդավարության պաշտպանությունը կարող է հայերին վերդարձնել կորցրած անձնական խաղաղությունը։ Ավելի լավ է ունենալ երիտասարդ ժողովրդավարություն կմկմացող Փաշինյանի խոսքով, անգամ քաղաքական խոսք, որը փոխվում է՝ ի շահ հայ ժողովրդի կենսական կարիքների, բայց պահում է իր ուղղությունը, քան սատանայական հարևանների կողմից գաղութացված կամ ինքնակալ ժողովրդավարությունը։

Չկա տոկունության այլ դրսևորում, քան մեզ հալածողների նախանձի և ցանկասիրության դեմ համատեղ և հաստատուն դիմակայությունը։ Անգամ անհրաժեշտ տոկունությունը միայն վերականգնում է անհոգության հետևանքով առաջացած վնասները, երբ իրավիճակը քննադատական էր։ Այսպիսով, տոկունության ոգին կայանում է հենց միշտ վատագույնը կանխատեսելու և միշտ վատագույնին պատրաստ լինելու մեջ։ Եվ համերաշխության ոգին սփոփում է ամենաթշվառին, միևնույն ժամանակ դժբախտության մեջ միավորվում է յուրայինների հետ։ Պատերի, մարմնի և հոգու վերականգնմանը համատեղ առաջնահերթ է ցանկացած գնով հայկական տարածքի պահպանումն ամենուր, ուր ազատությունը վտանգված է։ Եթե կորչի մեկը կամ մյուսը, դիմադրությունն իմաստ չի ունենա։ Իրականում «դիմադրության մասնակիցները» չկասեցրին մեր պարտությունները։ Նրանց դերը թույլ չի տա խուսափել պարտությունից։

Մեր մշակույթը քայքայող առասպելներից մեկը մեծ եղբայրության մաս կազմելուն հավատալն է։ «Ախպեր ջան, ցավդ տանեմ» կամ նմանատիպ այլ արտահայտությունները մեր կեղծավորության նշանն են, այնքան որ հաճախ քողարկում են շահագործման քողարկված փորձերը։ Այն կարգի, որ մի օր ինքս ինձ հարցրի՝ արդյո՞ք հայերն իսկապես սիրում են հայերին։ Ակնհայտորեն՝ ոչ։ Պատճառն այն է, որ եղբայրության իրական կիրառմանը հայերը շատ հաճախ նախընտրում են իրենց մասնավոր կարիքների միակողմանիությունը, իրենց քաղաքական քմահաճույքների սկզբունքը, անցած հերոսական հիշողության կարոտը։ Հայամոլության նվիրյալներն այնքան կուրացած են ինքնագոհությամբ, որ արդեն չեն ընդունում իրենց պատկանելիությունը որևէ ժողովրդի. «առաջին քրիստոնյա ազգն» ենք, եթե կուզեք, որն ինքնակործան ժողովրդի ներսում է, անգամ եթե հայտնի է պայքարի և ուղղամտության արժեքները մարմնավորող բացառիկ անձանցով, ինչպիսիք են Անդրանիկը, Մանուշյանն ու Մոնթեն։ Մեծահարուստները, որ երեսուն տարվա ընթացքում ավելի շատ ծառայել են իրենց հաճույքներին, այլ ոչ ժողովրդին, ստեղծել են աղետ, որ այսօր բոլորիս է թուլացնում։ Անգամ եթե բարոյազուրկ լինելը բոլոր երկրներում է և բոլոր համակարգերում, ժողովրդավարության մեջ կաշառակերությունն ավելի կորստաբեր է, քան բռնապետության մեջ։ Բավական է ասել, որ Ալիևի քաղաքական արատներն ավելի մեծ ազդեցություն ունեցան, քան հայերի դատարկ վեճերն ու անազնվությունը։ Բռնապետական կաշառակերությունը կհաղթի պատերազմում, իսկ ժողովրդավարական կաշառակերությունը կպարտվի, քանի որ բռնապետի խոսքը միակն է, իսկ ժողովրդավարությունն իրավունքների պաշտպանության և առաջացող հրատապության ծուղակն է ընկնում։

Պատերազմի կամ ճգնաժամի ժամանակ անհատապաշտությունն անկասկած տանում է պարտության այն չափով, որ քայքայում է ազգի մտավոր կայունությունը։ Ազգային բարեկեցությանը հակառակ կատարվող գործողություններն ունենում են համընդհանուր թուլացման հետևանք։ Այսպես օրինակ՝ վերջին պարտությունները հավանաբար կարելի է համարել նաև միասնական սկզբունքի պարտություն կարևորի տեսանկյունից, այն է՝ մեր տարածքի և մեր ժողովրդավարության պահպանումը։ Մոռանում են, որ «միասին ավելի ուժեղ են, քան առանձին», ինչպես ասել է բանաստեղծ Ռեմի Պրենը։ Այսպես կշարունակվի այնքան ժամանակ, մինչև հայերը կհասկանան, որ քաղաքացիների համախմբվածությունը բոլոր մակարդակներում՝ քաղաքական թե միջանձնային, նախևառաջ պայքարելու զենք է։

Երբ հայ գեներալն իր էկզոտիկ կենդանիներին կերակրում է զինվորների համար նախատեսված սննդով, նա արդեն իսկ պարտություն է ստեղծում։ Երբ հայ հրատարակիչը հայ թարգմանչի աշխատանքի դիմաց որպես վճար տալիս է միայն չորս նմուշ (եթե իհարկե անում է), նա վանում է մեր մշակույթը հարստացնելուն ունակ յուրաքանչյուր թարգմանչին։ Երբ հայկական պետական և ոչ պետական մշակութային կառույցները հեռացնում են հազվագյուտ քննադատ-մտավորականներին՝ նրանց փոխարինելով ավելի հեշտ կառավարվող մարդկանցով․ այդ կառույցներն աշխատում են իրենց կոչմանը հակառակ և կուրացնում են մեզ իրատեսության և պայծառատեսության մեր իսկ պակասորդով։ Երբ մեր դպրոցներում դասավանդվող հայոց լեզուն գործածական լեզվի փոխարեն դառնում է կարոտի լեզու, այն վաղ թե ուշ մոռացության է մատնվում։ Երբ մեր եկեղեցին, որքան էլ հնագույն լինի, ակնհայտորեն բավականաչափ չի հասկացել ավետարանչական այլասիրության հիմքերը այն սովորեցնելու կամ օրինակ ծառայելու համար, այն մատնում է կայուն դինամիզմը, որի կարիքն ազգը շատ ունի։ Այդպես եղավ, որ այս հնագույն ազգը կարողացավ նվաստացնել Արցախի փախստականներին, ովքեր, շրջափակման և արտաքսման կրկնակի ցավը հազիվ հաղթահարած, կարեկցանքով լեցուն իրենց «եղբայրների» կողմից արժանացան բարձր վարձավճարով տների և այնքան թանկ դեղորայքի, որ դրա ձեռքբերման անհնարինությունը վտանգում էր նրանց կյանքը։ Անգամ եթե Փաշինյանի կառավարությունն իր ջանքերը չխնայի օգնությունների միջոցով փոխհատուցելու պատմության աղետները, ինչի զոհն էին դարձել վերջիններս։ Այս մի քանի օրինակները բավարար են ցույց տալու, թե որքան ակնառու և զգայուն է այն փաստը, որ հայերը, չմարմնավորելով իրենց վերագրած «արժեքները», ինչպես ազդարարում են հայոց հարցի որոշ խենթեր, կարող են մարդկանց առաջարկել միայն իրենց մարդկայնությունը՝ ոչ լավ, ոչ վատ, որ հազարամյակների քրիստոնեությունը դեռ չի կարողացել վերափոխել ոչ եղբայրության, ոչ գթասրտության։

«Հայաստանն իմ պատիժն է»։ Ի՜նչ տխուր է սա հնչում Արցախցի տեղահանվածի շուրթերից։ Որքան հայեր են այս կամ այն կերպ լսել սրտի այս կանչն այն ժամանակից ի վեր, երբ իրենց աչքի առաջ պայթեց պատմության խորքից եկած «ախպերության» առասպելը, որը հանցավոր համաձայնությամբ ավելի շուտ կամփոփվի գործերում ։

«Երբեք մի վախեցեք անարդարության, խաբեբայության և մեղսավորության դեմ ազնվության, ճշմարտության ու գթասրտության համար աղաղակելու», գրել է Վիլյամ Ֆոլքները։

Ինչպես ամեն ազգի մեջ, մեր մեջ էլ կան ստոր մարդիկ, որոնք կարողանում են գլխավորը ձևափոխել անձնականի, ցեղասպանությունը՝ առևտրի միջոցների, հայկական մշակույթը՝ հնաբանական և քաղաքական ընկալման․ ահա նաև սրանց դեմ է պետք զարգացնել դիմադրության և համերաշխության ոգին։ Հավանաբար մտածող քննադատներին է մնում պահպանել ջանքը, որը նպատակ կունենա չեղարկել կործանարար առասպելները, զոհի անցյալից լվանալ բոլորի մտքերը և հայ ժողովրդի էներգիան կենտրոնացնել անխախտ տարածաշրջանի սրտում ժողովրդավարական ապագայի վերականգնման պատրանքով։

Մեր մշակութային կառույցներում և եղբայրության մեր փորձառության մեջ թափանցիկության և իսկության բացակայությունը ձևավորում է կեղծավորության վրա կառուցված մտածողություն, որը հեշտությամբ փլուզվում է հակառակորդի հարվածից։ Երբեմն հարց է ծագում՝ մի՞թե հայերն ավելի շատ այլասերված են ազգային գիտակցության հնարքներով, քան ապրում են համընդհանուր բարեկեցության պաշտպանությամբ։ Պատճառն այն է, որ նրանք ավելի շատ հարմարվում են իրենց իսկ ստեղծած դժբախտության մեջ, քան ուրախության, որ կարող էին կառուցել միասնական ուժի և ապագայի հանդեպ ցանկության վրա։

Այն պարագայում, երբ ժողովրդավարությունը նախ գրվում է մի տարածաշրջանի վրա, հայերի համար նեկայումս չկա այլընտրանք, քան վտանգված տարածքում զերծ մնալ պատերազմից։ Հայերը մի տեսակ մոլորված են, ինչն իրենց դեմ է։ Եվ այդ մոլորությունը կայանում է նրանում, որ պետք էր համապատասխանել հրատապությանը այն առաջանալուց հետո, այն ժամանակ, երբ արդեն առկա էր «գոյության հրատապության» վտանգը։ Անհրաժեշտ էր վերականգնել և ոչ պատրաստվել։ Չունենալով իշխանական գաղտնիք, որը բազմապատկում է ժողովրդավարական գործողությունները, մոռանալով կամ չմոռանալով, որ դրանք ոչնչի չէին ծառայել թշնամու ամբարտավանությունը նվազեցնելու համար՝ թվում է, թե վերջին երեսուն տարիների սպասողական վարքն այսօր էլ դեռ շարունակվում է։ Անձանց համախմբումը այնքան տեսանելի չէ, որ թվում է՝ Հայաստանը թմբիրի մեջ է, մինչդեռ հակառակորդն ավելացնում է ռազմատենչ հայտարարությունները։

Ահա վերջին տարիներին հայերը խորքային մակարդակով բախվել են կրկնվող ողբերգությանը։ Նրանք մինչ այս չէին գիտակցում, որ անցյալի ցեղասպանությունը չի անցել և կարող էր ցանկացած պահի կրկնվել բավականաչափ արտասովոր կերպով՝ միջազգային իրավունքի փաստաբանների մոտ տագնապ ստեղծելով։ Այսօր մենք գիտենք, որ Հայաստանի արտոնագրված թշնամիները չեն վարանի ցեղասպանություն գործելու զրոյի վերածելու համար բնիկ ազգերի իրավունքը։ Այն է՝ առ ոչինչ և անվավեր ճանաչել արդի իրավագիտությունը, որի նպատակն է պաշտպանել և երաշխավորել մարդկանց իրավունքները։ Ինչն էլ հավասարազոր է մեկի կամքը տվյալ խմբի կամքին թելադրելու հնաոճ ձևերին։

Առ այսօր հայերը պահում էին ցեղասպանություն հիշատակը որպես դրա ճանաչման համար սահմանափակ պայքարի զենք։ Այսօր և արդեն հիսուն տարի է աշխարհը գիտի դրա մասին։ Բայց իմանալը բավարար չէ, եթե այն չի բերում մեղավորի կողմից հանցանքի ընդունման։ Հայերի համար կա՞ր այդ ճանաչումը դիտարկելու երկու տարբերակ՝ մեկը հայկականության, մյուսը մարդկության վերաբերյալ։ Հիրավի, հայերի ցեղասպանության պատմական ճանաչումն ու իրավական դատապարտումն ամբողջ մարդկության ընդհանուր օգուտն է՝ սկսած այն պահից, երբ մասնակցում են բարոյական գիտակցության առաջընթացին և վեճերի հանդարտեցմանը։ Հայերն ունեն հայ լինելու պարտականություն իրենց պատմությամբ և պահանջատիրությամբ նպաստելու մարդկանց մարդկայնացմանը։ 1915 թվականի հայոց ողբերգությանը բարոյական գերզգացողության ձև տալը պետք է լինի նրանց կոչումը, ովքեր «չեն վախենում անարդարության, ստի և մեղսավորության դեմ բարձրացնել ազնվության, ճշմարտության և գթասրտության ձայնը»։

Մեր երիտասարդները, որ փորձում են իրենց կյանքը դարձնել ակտիվ, ճիշտ, ուղիղ, հանդուրժող, պետք է գիտակցեն այն հաջողությունը, որ իրենք հայ են ծնվել, քան լուծվել համեմատության մեջ։ Ավելին, նրանք պետք է գիտակցեն պատմական նշանակությունը։ Եթե առ այսօր 1915 թվականի ցեղասպանությունն ընկալվել է որպես ցավի և ստորացման բեռ, պահն է եկել, երբ պետք է բացահայտվի մարդկայնության ներուժը։ Պատերազմները վերականգնում են մարդկանց հայացքն իրենց հանդեպ այն պահից սկսած, երբ արթնացնում են դոգմատիկ քնից, որտեղ հայտնվել էին ազգակենտրոն գոռոզության պատճառով։ Այսօր կանգնած լինելով 1915 թվականի Հանցագործության հնարավոր վերսկսման առջև՝ ցեղասպանության փոխակերպումներն այն աստիճան են արթնացրել հիշողություններն ու աշխարհում այնպիսի վրդովմունք են առաջացրել, որ մեզ ցույց են տվել իրենց ունակությունը մարդկանց ներշնչելու բոլորի կողմից հոգատար մարդկություն ստեղծելու կարիքը։ Անգամ եթե բարոյականությունը զինատեսակից ավելի դանդաղ է զարգանում։ Պատերազմները սպանում են, բայց գալիս է ժամանակ, երբ դրանք հոգնեցնում են։ Ցեղասպանություններն արժանի են վերացման ամենուր, որտեղ հրեշավորությունն Իրավունքից վեր է դասում իր սուտը։

Ուրեմն ի՞նչ անել։ Պետք է միայն բոլոր հայերին՝ կին, թե տղամարդ, դարձնել մի անհատ և վեր հանել այն մեկի դեմ, ով միանձնյա ցանկանում է քայքայել Հայաստանը։ Նոր սերունդը պետք է որոշի՝ արդյոք նախընտրում է վերացման վտանգի առաջ կանգնած հայրենաբաղձություն, թե պայքարի միջոցով ձեռք բերված կյանք։

Այսօր ստի բազմացումը պահանջում է հակահարված։ Պարոն Ալիևի սուտ լուրերով ամեն օր հալածված հայերը ախտահարվածի տպավորություն են թողնում։ Նրանց շան նման վերաբերվողը երբեք ի պատասխան չի լսել վերջիններիս գռմռոցը։ Մեր դիվանագետների ճնշված տեսքն ավելի հասկանալի է, քան այն, որ պետք է մնալ երկխոսության կանոններին համապատասխան էթիկայի նորմերի մեջ։ Բայց, ունենալով խենթ ինքնակոչ նախագահ, նույնատիպ հարված պետք է իրագործվի։

Որքան այդ մեկն իր չար հարվածները գորշ հատվածներում սադրում է լուսաստվերով, որտեղ միախառնվում են սահմանված հայտարարություններն ու չարամիտ ելույթները, այնքան հայերը պարտավոր են ստեղծել ստվերային բանակ, որն ամեն միջոց կօգտագործի լայնորեն և թշնամու երկրի ներսում տարածելու բռնապետության կողմից խեղաթյուրված պատմական և փաստացի ճշմարտությունը։ Նպատակը միայն ինքնակալ Ալիևի իրական դեմքը ցույց տալը չէ, այլ պետք է ապացուցել նրա չարակամությունն իր սեփական ժողովրդի հանդեպ, անգամ ուղեկցել ներքին ժողովրդական ուժերին՝ առանց հոգնելու դատապարտելով վերջինիս արքաիկ համակարգն ու նրան մեկուսացնելով միջազգային բեմից։ Նույն կերպ պետք է վարվել օտարերկրա իր ցինիկ համախոհների հետ, որոնք խոնարհվում են նրա առաջ իրենց ածխաջրային կարիքները պահպանելու համար, կամ փակում են աչքերը չգիտես հանուն որ շահի։ Տեղեկատվական պատերազմ է, պետք է բազմապատկել հարյուր անգամ այն, ինչ հիմա անում են որոշ հայկական լրատվամիջոցներ, շարժումներ կամ անհատներ և քննադատությունը հասցնել բարձր մակարդակի վրա, ահա սա է ճշմարիտ և արդարացված։

Որպես օրինակ ասեմ, որ ըստ իրերի տրամաբանության՝ ճիշտ կլիներ, որ աշխարհահայությունը բարձրացներ իր ձայնը, որպեսզի չեղյալ հայտարարվեր կլիմատիկ փոփոխության վերաբերյալ ՄԱԿ-ի 29-րդ գիտաժողովի անցկացումը Բաքվում։ Լավ առիթ էր մատնացույց անելու նման ծրագրի անհեթեթությունը, ինչպես նաև հասկացնելու, որ Բաքուն երբեք չի փոխի իր էներգետիկ քաղաքականությունն էկոլոգիական քմահաճույքների համար, որոնք Ալիևի հանցախմբի շահերին հակառակ են։

Նմանապես անընդունելի է, որ Արցախի նախկին ղեկավարները հանձնվել են հրահանգավորված արդարադատության ձեռքին և ամեն տեսակի հալածանքի, իսկ հայկական համայնքը նրանց ճակատագրով մտահոգված չէ։ Այս դեպքում ինչու՞ չհրավիրել Ֆրանսիայի այն քաղաքապետներին, ովքեր ամենաշատն են պայքարում մարդու իրավունքի համար, որպեսզի նրանք հովանավորեն կալանավորին և նրան պաշտպանեն միջազգային իրավունքի ցանկացած միջոցով։

Իրականում ամեն ինչ այստեղից է սկսվում։ Չի թույլատրվում անել, չի թույլատրվում խոսել։

Վերջում կրկին անդրադառնանք նրանց, ովքեր ջանք չեն խնայում փնտրելու վերականգնված արդարության ուղիները, որ այստեղ ընդունված չէ ի ցույց դնել։ Մինչև մարդկանց իրավունքները չհարգեն, այս երկրում և մարդկանց հոգիներում չի լինի ոչ խաղաղություն, ոչ էլ փրկություն։ Հակառակ դեպքում Արցախ-Ղարաբաղի դեպքը կդառնա ավարտ չունեցող պատերազմի նմուշ։

Հեղինակ՝ Դընի Դոնիկյան

Թարգմանությունը Տաթևիկ Թանգյանի

22 décembre 2023

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (8)

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 7:26

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8)

Dès lors, que faire ? Que faire sinon faire des Arméniens un seul homme avec les hommes et les femmes qui la composent dressés contre l’homme qui veut à lui seul la décomposition de l’Arménie ? Aux générations nouvelles de décider si elles préfèrent une nostalgie résignée dans la disparition ou la vie par le combat.

Aujourd’hui, la multiplication des couleuvres exige de contre-attaquer. Quotidiennement harcelés par les bobards du sieur Aliev, les Arméniens donnent l’impression d’être tétanisés. Celui qui les traite de chiens n’a toujours pas entendu des grognements lui répondre. Que nos diplomates fassent le dos rond est d’autant plus compréhensible qu’ils doivent s’en tenir à une éthique conforme aux règles du dialogue. Mais avec un cinglé auto-proclamé président, une riposte identique est à mettre en place.

Autant l’autre fomente ses mauvais coups dans les zones grises d’un clair-obscur où se mêlent déclarations convenues et propos de mauvaise foi, autant les Arméniens se doivent de constituer une armée de l’ombre qui utiliserait tous les moyens à leur disposition pour diffuser largement et au cœur du pays ennemi les vérités historiques et factuelles détournées par la tyrannie. Le but est non seulement de donner à voir le vrai visage du dictateur Aliev, mais aussi de prouver sa malfaisance envers son propre peuple et même d’accompagner les forces démocratiques internes en dénonçant inlassablement son régime archaïque afin de l’isoler sur la scène internationale. Ce qui implique d’agir de même avec ces complaisants cyniques des pays étrangers qui font devant lui des courbettes pour préserver leurs besoins d’hydrocarbures ou qui ferment les yeux au nom d’on ne sait quels intérêts. Guerre de l’information donc en multipliant par cent ce que font déjà certains médias arméniens, mouvements ou personnalités, et en portant la critique au plus haut niveau, dès lors qu’elle est juste et justifiée ?

Pour exemple, la logique des choses voudrait que, pour le moins, les Arméniens du monde entier haussent le ton afin de dénoncer la tenue à Bakou de la 29e conférence de l’ONU sur le changement climatique. L’occasion serait belle de pointer du doigt la honte que constitue un tel projet. Mais aussi de faire comprendre que Bakou ne changera en rien sa politique énergétique pour des lubies écologiques qui iraient à l’encontre des intérêts du clan Aliev.

De même qu’il est inadmissible que les anciens dirigeants de l’Artsakh soient abandonnés aux mains d’une justice aux ordres et soumis à toutes sortes de vexations, sans que la communauté arménienne ne soit partie prenante de leur sort. En ce sens, pourquoi ne pas inviter les mairies de France les plus à la pointe du combat pour les droits de l’homme à parrainer un prisonnier et à le défendre par tous les moyens mis à disposition par le droit international ?

De fait, tout commence par là. Ne pas se laisser faire ! Ne pas laisser dire !

Pour le reste, il revient à ceux qui s’engagent corps et âme de trouver les voies d’une justice retrouvée, qu’il n’est pas approprié d’exposer ici. Tant que les droits des uns et des autres ne seront pas respectés, il n’y aura ni paix ni salut ni sur ces terres ni dans les esprits. Sinon, le cas de l’Artsakh-Karabagh sera appelé à devenir le parangon d’une guerre sans fin.

(fin de l’article)

Denis Donikian

NB: Il se trouve qu’au moment d’écrire ces dernières lignes m’est parvenue une lettre émanant de l’ASSOCIATION DE SOUTIEN À L’ARTSAKH ( 10 rue Degas,75016 Paris. Courriel : soutien.artsakh@outlock.fr) qui évoque, à quelques nuances près et sous une forme plus feutrée, les termes de cet article axés sur la solidarité et la volonté de ne pas accepter la politique du fait accompli. Il reste à chaque Arménien de décider entre le Droit et la violence, entre les valeurs de l’humanité et le recours à la force. Pour moi, ma décision est prise.

L’analyse de la situation que fait l’association Yerkir Europe rejoint tout à fait la nôtre. Voir ICI

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Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (1)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (2)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (3)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (4)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (5)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (6)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (7)

21 décembre 2023

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (7)

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 7:24

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7)

Si la démocratie s’inscrit d’abord dans un territoire, pour les Arméniens, à l’heure actuelle, il n’y a pas d’autre alternative que celle d’une économie de guerre sur un espace menacé. C’est qu’il y a chez les Arméniens une forme d’aberration qui joue contre eux. Elle consiste à répondre à des urgences d’après-coup alors qu’ils avaient vu venir la menace qui pesait sur « l’essentiel-existentiel ». Urgences de réparation plutôt que de préparation. Sans être dans les arcanes du pouvoir qui multiplie les démarches diplomatiques en oubliant ou pas qu’elles n’ont servi à rien pour intimider l’arrogance de l’ennemi, il semble que l’attitude attentiste des trente dernières années continue de plus belle encore aujourd’hui. La mobilisation des esprits est d’autant moins sensible que l’Arménie donne une impression de ventre mou tandis que l’adversaire multiplie les déclarations bellicistes.

Or, ces toutes dernières années, les Arméniens ont été touchés au plus profond par un tragique de répétition. Ils ignoraient jusque-là que les génocides du passé, loin d’être dépassés, pouvaient resurgir à tout instant, sous une forme suffisamment inédite pour créer du désarroi chez les juristes du droit international. Nous savons aujourd’hui que les ennemis patentés de l’Arménie n’hésiteront pas aller jusqu’au génocide pour faire table rase du droit des peuples autochtones. À savoir de déclarer comme nulle et non avenue la modernité juridique qui vise à protéger et à garantir les droits des gens. Ce qui équivaut à un retour aux façons archaïques d’imposer la volonté d’un seul à la volonté d’un groupe donné.

Jusqu’ici, les Arméniens ont tenu la mémoire du génocide comme une arme de combat limitée à sa reconnaissance. Aujourd’hui, et depuis le cinquantenaire, le monde sait. Mais savoir ne suffit pas si ce savoir ne vaut reconnaissance du crime par le coupable. Y aurait-il, pour les Arméniens, deux façons d’envisager cette reconnaissance : l’une se rapportant à l’arménité, l’autre à l’humanité ? De fait la reconnaissance historique et la condamnation juridique du génocide des Arméniens est le bien commun à toute l’humanité dès lors qu’elles participent à l’avancement de la conscience morale et à la pacification des conflits. Les Arméniens ont le devoir d’être arméniens pour contribuer par leur histoire et leurs revendications à l’humanisation des hommes. Donner une forme de transcendance éthique à la tragédie arménienne de 1915 doit être la vocation de ceux qui n’ont pas « peur d’élever la voix pour l’honnêteté, la vérité et la compassion contre l’injustice, le mensonge et la cupidité ».

Nos jeunes qui cherchent à faire de leur vie une voie qui soit active, droite, juste, tolérante devraient saisir la chance qu’ils ont d’être nés arméniens, plutôt qu’à se diluer dans l’assimilation. Encore faut-il qu’ils en assument la portée historique. Si le génocide de 1915 a été vu jusqu’à présent comme un fardeau de douleurs et d’humiliations, le moment est venu où il peut révéler son potentiel d’humanisation. Ce sont les guerres qui régénèrent le regard des hommes sur eux-mêmes dès lors qu’elles les réveillent du sommeil dogmatique où l’orgueil ethnocentrique les aura englués. Aujourd’hui, en l’état actuel des choses, avec l’évidence d’un possible recommencement du Crime de 1915, les avatars des génocides ont à ce point réveillé les mémoires et suscité de telles indignations dans le monde qu’ils nous ont montré leur capacité à inspirer aux hommes le besoin de produire une humanité respectueuse de tous. Même si la morale évolue plus lentement que les armes. Car si les guerres tuent, vient le moment où les guerres lassent. Et les génocides méritent d’être débusqués partout où la monstruosité fait valoir ses mensonges contre le Droit.

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (1)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (2)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (3)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (4)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (5)

Devoir d’arménité. Devoir d’humanité (6)

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