Ecrittératures

21 avril 2024

D’UN GENOCIDE L’AUTRE…

Filed under: ARTICLES — denisdonikian @ 7:45

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(collage et texte de D. Donikian)

*

« Un homme qui prive un autre homme de sa liberté

est prisonnier de la haine,

des préjugés et de l’étroitesse d’esprit »

(Nelson Mandela)

*

La vie n’est pas à un paradoxe près. Un fait n’épuise pas un phénomène. Le génocide de 1915 ne suffit pas à dire le génocide. Les diaboliques ont toujours une longueur d’avance sur les naïfs, lesquels n’ont pas même le temps de se retourner que déjà l’horreur connue s’est renouvelée sous des formes inédites.

Plus de cent ans après les événements de 1915, chaque Arménien sait dans sa chair comme dans son histoire qu’il reste la cible de ses prédateurs obsessionnels. La fin d’un génocide ne satisfait jamais la faim des génocideurs.

À l’heure où doivent se célébrer partout dans le monde les commémorations, ne cessent de croître les revendications des filles et fils de victimes pour une juste reconnaissance des faits. Autant que s’endurcissent les haines et que s’obscurcissent les surdités des filles et fils des bourreaux.

Les avatars du génocide se déclinent de plusieurs façons. Entre celles qu’on « voit » et celles qui se cachent. Le génocide physique ne doit pas occulter les génocides symboliques. Les génocides de masse trouvent de nouvelles voies avec les génocides singularisés. Les génocides qualitatifs sont à mettre sur le même rang que les génocides quantitatifs, à savoir la destruction du patrimoine, des vestiges religieux, mais aussi des personnalités vivantes qui symbolisent un peuple dans leurs actes, leurs pensées, leur nationalité.

Entendre Luis Moreno Ocampo, avocat argentin, docteur en droit et ancien procureur de la Cour pénale internationale, affirmer que les récents événements en Artsakh sont à qualifier de génocide, nous donne la mesure de ce que nous confirmons, à savoir qu’un génocide se reproduit sans cesse en adoptant des tenues de camouflage qui laissent pantois les non-initiés et qui donnent le temps aux génocideurs de traduire leur intention en acte.

En ce sens, la grève de la faim entamée par Ruben Vardanyan est un appel à tous les Arméniens qui s’apprêtent à commémorer le génocide de 1915. Par sa décision de se laisser mourir dans les geôles d’Aliyev, il dit aux Arméniens et aux nations soucieuses du droit et des libertés, que le génocide est là, dans les humiliations subies par tous ses frères prisonniers à la merci d’une haine ethnique n’ayant rien à voir avec un fait de justice. Il s’agit d’une intention d’éradiquer un symbole national de la même manière que fut effacé le cimetière de Djoulfa.

Car Ruben Vardanyan, aux yeux du vindicatif Aliyev, n’est rien d’autre qu’un symbole qu’il lui faut effacer en le réduisant à une « chose », quitte à lui ôter la vie par des moyens légaux ou naturels propres à dissimuler le meurtre.

Au vrai, pour Aliyev, Ruben Vardanyan est le symbole à abattre de la même manière que le fut Alexeï Navalny pour Poutine. Les despotes mangent au même râtelier.

C’est dire que si les « commémorationnistes de 1915» se font un devoir de respecter un passé de mort et de meurtres, ils ont aussi à crier haut et fort pour le respect des innocents plus vivants aujourd’hui que jamais, plus dangereusement menacés que jamais.

Ils ont un devoir de dire haut et fort qu’avec le cas de Ruben Vardanyan, auquel s’ajoute celui de tous les prisonniers, personnalités politiques ou simples citoyens de l’Artsakh, c’est le génocide qui continue à croquer des hommes pour le simple fait qu’ils sont arméniens.

Dès lors, il convient que chaque commémoration, dans chaque ville de France et d’ailleurs, mentionne le nom de Ruben Vardanyan, pour dire que son cas appartient à chaque Arménien d’Arménie et de la diaspora.

Sans quoi, ces commémorations ne seront qu’une complaisance de plus envers un passé tragique et non un combat pour un monde plus sûr et plus sain.

Denis Donikian

*

FROM ONE GENOCIDE TO ANOTHER…

“A man who deprives another man of his freedom

is a prisoner of hatred, prejudices and narrow-mindedness”

(Nelson Mandela)

*

Life is not close to a paradox. A fact does not exhaust a phenomenon. The 1915 genocide is not enough to say genocide. The diabolical are always one step ahead of the naive, who do not even have time to turn around when the known horror has already been renewed in new forms.

More than a hundred years after the events of 1915, every Armenian knows in their flesh as in their history that they remain the target of their obsessive predators. The end of a genocide never satisfies the hunger of the perpetrators of genocides.

At a time when commemorations must be celebrated all over the world, the demands of the daughters and sons of victims continue to grow for fair recognition of the facts. As much as the hatreds harden and the deafness of the daughters and sons of the executioners becomes obscured.

Hearing Luis Moreno Ocampo, Argentine lawyer, doctor of law and former prosecutor of the International Criminal Court, affirm that the recent events in Artsakh can be qualified as genocide, gives us the measure of what we are confirming, namely that a genocide reproduces constantly by adopting camouflage outfits which leave the uninitiated speechless and which give the genocides time to translate their intention into action.

In this sense, the hunger strike started by Ruben Vardanyan is a call to all Armenians who are preparing to commemorate the 1915 genocide. By his decision to let himself die in Aliiev’s jails, he is telling the Armenians and to nations concerned about law and freedoms, that the genocide is there, in the humiliations suffered by all its brothers prisoners at the mercy of ethnic hatred having nothing to do with an act of justice. This is an intention to eradicate a national symbol in the same way that the cemetery of Julfa was erased.

Vardanyan, in the eyes of the vindictive Aliiev, ​​is nothing other than a symbol that he must erase by reducing him to a “thing”, even if it means taking his life by legal or natural means appropriate to cover up the murder.

 In truth, for Aliiev, ​​Ruben Vardanyan is the symbol to be destroyed in the same way as Alexeï Navalny was for Putin. Despots eat from the same rack.

This means that if the “commemorationists of 1915” make it their duty to respect a past of death and murder, they also have to cry out loud and clear for respect for the innocent, more alive today than ever, more dangerously threatened.

 They have a duty to say loud and clear that with the case of Ruben Vardanyan, to which is added that of all the prisoners, political figures or simple citizens of Artsakh, it is the genocide which continues to take its toll on men for the simple fact that they are Armenian.

Therefore, it is appropriate that every commemoration, in every city in France and elsewhere, mention the name of Ruben Vardanyan, to say that his case belongs to every Armenian in Armenia and the diaspora.

Otherwise, these commemorations will be just one more complacency towards a tragic past and not a fight for a safer and healthier world.

Denis Donikian

2 commentaires »

  1. La haine viscérale est ancrée dans les gènes des bourreaux et cela depuis plus d’un siècle. La destruction l’anéantissement de l’arménité, pour reprendre ton expression est leur seul but aveugle.

    Tout ce qui relève d’une civilisation qu’ils n’ont pas été capables de construire, les amènent à la détruire.

    La force de notre cause est plus grande que leur volonté mortifère.

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    Commentaire par Antranik — 21 avril 2024 @ 8:59

  2. dans les news de ce jour

    Tags racistes et menaçants des Loups Gris

    Tags des Loups gris découverts lundi dans la cour du collège et institution Sainte Marie a Saint Chamond

    samtilbian

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    Commentaire par sam tilbian — 30 avril 2024 @ 9:14


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