« L’espérance est un risque à courir » (Charles Péguy)
Au début du siècle dernier, dans une Smyrne encore multiethnique, un Arménien d’un certain parti frappe à la porte d’un certain notable lui-même arménien. « Dernier avertissement, lui lance l’homme avec aplomb. Au 30 du mois, je viendrai retirer l’impôt que vous devez à la Cause. – Mais, réplique le notable, nous sommes en février, et le mois n’a pas trente jours. – Peu importe. Le parti l’a dit, donc c’est vrai. »
Les grandes causes élèvent les hommes, fussent-ils mal dégrossis. Encore faut-il que l’éthique de la vérité soit respectée. Le système éducatif de la Turquie a dévoyé sur des générations la formation de ses esprits. La cause qu’elle défendait étant réduite à l’étroitesse de la nation, reposant sur le poison du mensonge. La France, grâce à son école obligatoire et son éducation de type laïque est censée donner à ses enfants l’usage de leur raison. Les Arméniens ont eu cette chance. Reste à savoir si tous ont réussi à la prendre. C’est que, d’un côté comme de l’autre, on est en droit de se demander si on peut être un grand raisonneur sans pour autant accéder à l’universalité de la raison.
Il faudrait ne pas être arménien pour ne pas souscrire aux propos de Laurent Leylekian tenus lors du débat d’Althen-les-Paluds le 9 mai 2009, dans une intervention intitulée « Société civile et intellectuels turcs au service du négationnisme d’État » (reproduite sur le site du journal France-Arménie ). Rien que nous ne répétons, à juste titre, depuis cinquante ans et plus. À cette nuance près, que ce genre de discours doit aujourd’hui tenir compte de la nouvelle donne ouverte par des intellectuels turcs de Turquie sur la question arménienne, qu’ils s’appellent Ragib Zarakolu, Ayse Günaysu,et j’en passe qui reconnaissent ouvertement le génocide de 1915, ou encore Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu, Ahmet İnsel et Baskın Oran, tous initiateurs de la fameuse et contestée pétition de pardon. Pour autant, Monsieur Leylekian réussit le tour de force de rester droit dans ses bottes, insensible au changement climatique turc, tant ses conclusions n’ont d’autre objet que de faire tomber les masques de ces quatre mousquetaires réduits à des mécaniques négationnistes d’un nouveau genre.
Qu’on ne s’y méprenne pas. Cette culture du coup de boutoir a du bon. L’homme a du mordant et ne s’en laisse pas conter. Esprit de géométrie plutôt qu’esprit de finesse. Et la diaspora arménienne de France, assoupie dans l’illusion de sa propre réalité, devrait se réjouir d’avoir un émissaire aussi combatif pour répliquer aux menteries turques qui courent les couloirs de Bruxelles ou fleurissent dans ses amphithéâtres. « Quoi ? Mais je n’ai jamais mandaté personne pour qu’on parle en mon nom auprès des instances européennes, que je sache ! Ai-je été consulté pour des questions aussi graves ?» s’insurge tel ou tel sempiternel râleur de cette diaspora amorphe et fictive, avant de vaquer à ses occupations ordinaires. C’est alors qu’il faut lui faire remarquer, à ce rouspéteur stérile, qu’il en a toujours été ainsi dans notre histoire, les uns dormant, les autres se portant en première ligne d’une cause qui ne mérite pas d’être abandonnée au sommeil. Et d’ailleurs, mieux vaut un dur réactif à Bruxelles plutôt que rien ni personne à opposer à la machinerie et aux machinations du négationnisme turc.
En ce sens, le discours de Monsieur Leylekian à Althen-les-Paluds a toutes les apparences d’une réplique donnée dans le cadre des instances bruxelloises. La démonstration serait brillante, savante même, si le défaut de cette diatribe, et pas le moindre, n’était d’avoir confondu un débat d’homme à homme avec un combat officiel contre un État, d’avoir systématiquement amalgamé des intellectuels turcs à l’Etat qui les gouverne, quitte à en faire des serviteurs de son idéologie. En somme, les trente mille signataires de la pétition, parmi lesquels, selon nos informations, des hommes de la rue, des mal dégrossis, des gens ne sachant ni lire ni écrire, des jeunes, que sais-je encore… seraient tous, selon la théorie de Monsieur Leylekian, rien moins que des crypto-négationnistes, des négationnistes souterrains. Normal, me direz-vous, de jeter la suspicion sur la pétition de pardon de ces intellectuels, en référence aux tromperies et aux ruses par lesquelles le passé turc a maintes fois cocufié les Arméniens. Surtout quand on sait qu’avec son argumentaire qui vise à décharger la Turquie du crime de génocide, Baskin Oran a réussi à faire croire que ses trois collègues pensaient exactement comme lui. Mais facile tout de même de prendre le vraisemblable pour une vérité arrêtée au prix d’oublier par exemple les déclarations franches et nettes faites par Cengiz Aktar et Ali Bayramoglu sur radio Ayp (ce qui laisse supposer que l’entente au sein du quarteron tombeur du tabou arménien est loin d’être parfaite).
L’attitude de Monsieur Leylekian relève d’une philosophie pour laquelle l’individu n’a d’autre existence que celle que lui impose l’État qui le gouverne. Les Turcs seraient gülottés jusqu’au cou comme les Français seraient sarkozyfiés jusqu’au menton. Reste la tête, me direz-vous. Mais dans ce cas de figure, les intellectuels l’auraient vendue elle aussi à la cause de l’État. On ne leur accorde ni le bénéfice du doute, ni la possibilité d’inventer librement une réflexion et une éthique propres. Si au moins ces intellectuels turcs, à l’origine de la pétition de pardon, pouvaient se retrouver en prison, on leur ferait plus crédit. Mais ils n’ont même pas ça à nous offrir pour qu’on puisse les chérir, les défendre et les croire.
Par ailleurs, il reste que notre esprit-de-géométrie, fort en gueule et fort du droit des Arméniens à réclamer justice pour un crime absolu, risque en ce cas-là de s’octroyer un rôle de vox populi, totalement et absolument Or, être le peuple, c’est savoir ce qui est bon pour lui. Et le savoir seul. Un savoir qui ne souffre aucune contradiction, ni contrariété. C’est que toute pensée omnipotente se pense dans une hiérarchie, refusant qu’un tiers ose ouvrir quelque perspective que ce soit vers la moindre altérité. Sois Arménien et tais-toi !
La rhétorique déployée par notre esprit-de-géométrie a l’allure d’un bel édifice, impeccable et solidement construit. Son discours a le mérite de rester cohérent avec ses a priori. Et nul ne saurait lui en faire grief. L’impression d’ensemble plaira forcément à celui qui n’aura pas le temps de s’interroger sur tel argument, ni de s’informer sur tel autre. L’essentiel n’est-il pas de donner du foin à des lecteurs affamés de certitudes arrêtées ?
Or, il suffirait de révéler le caractère infondé d’un seul élément pour qu’un soupçon de malhonnêteté intellectuelle pèse sur toute la démonstration.
À commencer par cette phrase : « Découlent directement de cette stratégie l’idée d’initiatives telle que Biz Miassin ou Yavas Gamats ou la formule un peu mièvre selon laquelle « nous avons bu la même eau » dans lesquelles l’idée-maîtresse est que nous aurions tous souffert d’une violence d’origine tierce, sinon non identifiée. »
Pour qui a vu le film de Serge Avédikian, Nous avons bu la même eau, il est évident que le réduire au rappel d’une violence communément subie, c’est faire fi de son commentaire explicatif et du propos frontal tenu par son auteur à certains habitants de Solöz, où le mot génocide est mis en exergue comme un moment clé de leur histoire. Un film qui a le mérite de nous éclairer sur le formatage de la mémoire réalisé sur les citoyens turcs par leur État, durant plusieurs décennies, ce dévoiement éducatif des esprits dont je parlais plus haut. (Encore faut-il que les démonstrations comme celles de Monsieur Leylekian en tiennent compte). Mais au-delà de son tournage, un film qui aura été visionné en Turquie même dès 2006, apprécié par Hrant Dink, et qui laissera une forte impression auprès de ces intellectuels dont Monsieur Leylekian veut ignorer la sincérité. Dès lors, on se demande bien pourquoi ce dernier ne mentionne pas l’impact de ce film pour finalement ne s’en tenir qu’à une critique sur son titre, ce qui laisserait penser qu’il n’aurait vu que lui.
Et puisque, Monsieur Leylekian cite à loisir les théories de Marc Nichanian, on s’étonne qu’il ne mentionne pas son invitation à Istanbul par ces intellectuels turcs crypto-négationnistes pour des conférences autour des problèmes liés à l’historiographie génocidaire. Que je sache les maisons de la culture arménienne de France n’ont pas fait preuve d’une aussi grande ouverture d’esprit avec ces écrivains « arméniens » qui n’étaient pas de leur goût. L’histoire dira que c’est Serge Avédikian qui a essuyé les plâtres, tant en affrontant avec son film les sceptiques arméniens qu’en le présentant sur le terrain même de ces intellectuels turcs pestiférés. Force est de constater que ce film aura fait plus de chemin vers une prise de conscience de leur passé par certains Turcs que les propos à l’emporte-pièce de Monsieur Leylekian, que son titre lui plaise ou non.
Je m’étonne à mon tour que le Collectif Biz Myassine (et non Biz Miassin, comme il l’écrit) soit également réduit à la simple expression d’une souffrance partagée. On se demande où Monsieur Leylekian va puiser ses informations. On pourrait, pour le moins, lui suggérer de lire l’article de Vilma Kouyoumdjian du 7 mai 2008 sur le site de France-Arménie pour savoir quel propos tient exactement Michel Atalay, co-fondateur avec moi-même de ce collectif. Mieux : d’interroger Monsieur Atalay lui-même. Que je sache, Michel Atalay qui s’est incliné à trois reprises devant le monument au génocide des Arméniens ne m’a jamais demandé de m’incliner à mon tour devant un monument similaire turc, si tant est qu’il en existe. Qu’attendre de plus d’un originaire de Turquie qui accepte en conscience d’accomplir ce geste symbolique ? Qu’il se flagelle ? Qu’il change de sang ? Qu’il gomme de sa mémoire, rien qu’en claquant des doigts, les années de formatage subi ? Pour ma part, j’accompagnerai quelque Turc que ce soit sur le chemin de son intime révolution culturelle, fût-il seul contre les siens. Et ce n’est pas le doigt levé contre moi de Monsieur Leylekian qui m’en empêchera.
Ici, quitte à être trop long, je ne peux m’empêcher d’offrir au lecteur une citation éclairante, trouvée dans Les testaments trahis de Milan Kundera (Folio, pp 204-205) :
« Sur la pensée systématique, encore ceci : celui qui pense est automatiquement porté à systématiser ; c’est son éternelle tentation […] : tentation de décrire toutes les conséquences de ses idées ; de prévenir toutes les objections et de les réfuter d’avance ; de barricader ainsi ses idées. Or, il faut que celui qui pense ne s’efforce pas de persuader les autres de sa vérité ; il se trouverait ainsi sur le chemin d’un système ; sur le lamentable chemin de l’ « homme de conviction » ; des hommes politiques aiment se qualifier ainsi ; mais qu’est-ce qu’une conviction ? c’est une pensée qui s’est arrêtée, qui s’est figée, et l’ « homme de conviction » est un homme borné ; la pensée expérimentale ne désire pas persuader mais inspirer ; inspirer une autre pensée, mettre en branle le penser… »
Il y aurait donc une pensée systématisante et une pensée expérimentale. Dans l’affaire qui nous occupe, je ne doute pas que le négationnisme de l’État turc et des millions de suiveurs qu’il a réussi à drainer derrière lui depuis des générations n’appartienne à la première forme. Mais je ne doute pas non plus que l’homme d’un certain parti évoqué au début n’ait un système en lieu et place de sa raison. Le syndrome du 30 février ne fait pas de notre homme un simple d’esprit, mais un « homme de conviction ». Aujourd’hui, le négationnisme constitue un enfermement. Et l’anti-négationnisme pas moins. Je laisse au lecteur le soin de placer les trente mille signataires de la pétition de pardon. Dans la pensée systématisante ou dans la pensée expérimentale ? Et le film de Serge Avédkian, les interventions de Marc Nichanian, le Collectif Biz Myassine, l’association Yavas Gamats. Ou Ragib Zarakolu à ses débuts avec sa femme Ayse Nur. Sans oublier le journal Agos. Dans la pensée systématisante ou dans la pensée expérimentale ?
De fait, ces finesses gênent notre esprit-de-géométrie. Comme il déteste l’altérité et travaille en termes de catégories, il fourre dans les cases de son raisonnement même ce qui n’est pas appelé à y entrer. Car « la vérité est dans les nuances » comme le proclamait Benjamin Constant. Ces nuances, entre les quatre signataires de la pétition de pardon, à savoir Ahmet Insel, Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu et Baskin Oran, sont faciles à constater au fur et à mesure qu’ils s’expriment ici ou là sur leur approche concernant le génocide. C’est que nous avons affaire à des pensées vivantes, pétries de doutes et de contradictions, animées par des rêves, à des citoyens profondément inscrits dans un contexte politique donné. De quel droit les Arméniens devraient-ils leur récuser le droit d’avoir des doutes, d’être pétris de contradictions et malgré tout d’avoir des rêves ? De quel droit leur enlèveraient-ils le droit d’aimer et de défendre le peuple auquel ils appartiennent, quitte à se battre pour lui, à souffrir à cause de lui ? Il reste que certains veulent l’aimer dans une vérité niellée de mensonges (on accepte les massacres de 1915, mais on oublie allègrement les viols d’enfants, les rapts de biens, les convois vers la mort et j’en passe), quand d’autres veulent la vérité, rien que la vérité.
Ce que les Arméniens ont perdu avec le génocide ou ce que le génocidaire leur a ôté, c’est de considérer les Turcs comme des êtres humains à part entière. Chaque fois qu’un Arménien s’exprime sur les Turcs se dresse devant lui la figure figée des bourreaux du passé. Impossible de se défaire de cette peur, à moins d’une conversion humaniste du regard. Ce tic profond conduit à commettre forcément des erreurs d’appréciation, car le raccourci catégorique masque la personne même de son interlocuteur turc. Chaque Arménien balance entre une vigilance systématique et un appel intime à la confiance. Heureux les hommes comme Monsieur Leylekian qui ont choisi leur camp sans chercher à se compliquer la vie.
Doit-on rappeler aux Arméniens pressés que, pour certains Turcs, la sortie des somnolences nationalistes est toute récente ? Pour les uns, elle s’est déclenchée avec les actes de l’ASALA, pour les autres avec l’assassinat de Hrant Dink. Que les esprits, dans un pays aux tendances ultranationalistes, ont du mal à briser leur gangue idéologique. Que chacun se réveille à la conscience de l’histoire selon sa propre histoire. Il n’y a pas de commune mesure entre un Taner Akçam, un Ragib Zarakolu et un Baskin Oran ou un Ahmet Insel. On ne pourrait incriminer les retardataires que s’ils ne jouaient pas le jeu de leur conscience. Mais qui a le droit de parler au nom de la conscience d’autrui, surtout quand cet autre se trouve dans un pays aussi peu « normal » que la Turquie ?
J’ai déjà dit dans un autre article ce que je pensais de l’usage fait par Cengiz Aktar du concept de Medz Yeghern. Même si j’ai été, avec d’autres, à l’origine de la lettre de remerciement. Bien sûr, je ne place pas Baskin Oran sur le même plan qu’une Ayse Günaysu, dont nous avions, sur le site Yevrobatsi.org, publié en son temps les mots de pardon autrement plus francs, plus directs, plus courageux que ceux des intellectuels turcs en question. Mais je retiens, qu’en dépit des propos scandaleux d’un point de vue objectif tenus par Baskin Oran (un de ces intellectuels, avertis s’il en est, que la masse de documents sur les faits sanglants de 1915 ne parvient pas à rendre « fou »), ou de ceux plus finassiers d’un Ahmet Insel, la pétition de pardon a déjà eu, d’une manière ou d’une autre, avec les risques que cela suppose, un impact certain au sein de la société civile turque. Par rapport au black-out total auquel nous nous heurtions dans les années soixante, même si l’attente fut longue, aujourd’hui l’épine de « l’affaire arménienne » est définitivement dans le pied de la Turquie. Les propos de Baskin Oran ne plaisent pas à certains Arméniens qui se sentent frustrés par rapport à la vérité historique, mais bon an mal an, ils « travaillent » ici ou là les esprits. L’homme s’en prend au kémalisme et voici que Monsieur Erdogan fait de même aujourd’hui. Des mots, disent les sceptiques. Oui, mais pas n’importe lesquels et ne sortant pas de n’importe quelle bouche. Et voici aussi qu’une actrice turque, Pelin Batu, déclare tout de go à la télévision turque que « les événements de 1915, c’était un génocide ». Un courage qui ne fera pas rougir Monsieur Baskin Oran mais qui incitera les velléitaires à franchir le pas.
Enfin, ce serait une erreur de croire que ces intellectuels n’étaient que quatre à lancer cette pétition. On sera bientôt surpris d’apprendre qui était derrière elle. Peut-on penser un seul instant que les milliers de personnes qui ont assisté aux funérailles de Hrant Dink, et surtout ces jeunes dont on voit les portraits dans le dossier du Monde 2, soient ensuite rentrés chez eux pour jouer au tavle ? Ces quatre intellectuels, connus comme auteurs, professeurs ou éditorialistes, pour exposés qu’ils fussent, avaient moins de risques d’être jetés en prison que des jeunes qui auraient pris cette initiative seuls. D’ailleurs, comment ces quatre mousquetaires de la vieille école auraient-ils pu mettre en place un site pour leur pétition et surtout contrer les hackers négationnistes sans l’aide de personnes plus averties qu’eux, en l’occurrence ayant l’âge des nouvelles technologies ?
Qu’on me comprenne. Monsieur Leylekian parle juste quand il oppose au négationnisme officiel les répliques qu’il mérite dans les instances où il « exerce ». Devait-il pour autant lancer à la figure de Monsieur Baskin Oran : « Et bien oui, vos grands-pères étaient des nazis, ou leurs équivalents… » ? J’essaierai de montrer, une autre fois, pourquoi, pour ma part, je ne l’aurais pas fait.
Denis Donikian, écrivain, dernier livre paru Vers l’Europe, du négationnisme au dialogue arméno-turc ( Éditions actual art, Erevan, 2008)
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